Je suis avec ma collègue et amie Cécilia et nous sommes entourées d'une brume épaisse, on ne voit pas à quelques mètres. Personne, devant ni derrière nous.
Nous sommes comme dans un nuage de bien être et de paix. On ne sait pas, et on ne voit pas, où nous mènera ce chemin de terre tortueux mais qu'est ce qu'on est bien !
Et puis, sorties de nulle part, arrivent des petites filles qui dévalent la pente en sens contraire et viennent vers nous. Jupes plissées, noeuds rouges dans leurs cheveux : ce sont des écolières. Nous apprendrons plus tard qu'elles font deux heures à pied à l'aller puis au retour pour se rendre à l'école.
Mais voilà : les fillettes ne veulent pas continuer leur chemin. On a beau leur dire avec nos mots et nos sourires et nos gestes que tout va bien, que
" go, go, OK, go ..Ok..."
qu'il faut qu'elles continuent leur chemin vers l'école sans se faire de soucis pour nous.
Non, rien à faire.
Dans un pays civilisé ce n'est pas comme cela qu'on agit.
Le chemin c'est comme ta maison. Si un étranger y entre, tu prends le temps de t'assurer qu'il va bien et qu'il est à l'aise.
Tu ne passes pas ton chemin, non.
Alors, rien à faire, maintenant que nous nous sommes rencontrées les voilà qui remontent avec nous !
Elles veulent être sûres qu'on sera en de bonnes mains un peu plus haut, avec des adultes, avec leurs familles.
Nous sommes confondues de les retarder, mais nous voyons bien qu'il n'y a rien d'autre à faire. Les voilà qui sont nos guides et il faudra croiser un de leurs pères entrain de descendre pour qu'elles acceptent de retourner à leurs affaires.
Elles sont radieuses en nous quittant.
Non, elles n'ont certainement pas perdu leur temps, c'est ce qu'elles semblent nous signifier.
Nous restons plantées là à les voir (re)dévaler la pente en riant, toutes heureuses.
On se regarde Cécilia et moi, remplies d'admiration pour ces fillettes qui ont mis, pour toujours, des paillettes dans nos yeux.
On se dit que, oui, ces écolières là elles viennent de nous donner une sacrée leçon !
Lôlà