29 févr. 2012

Pagure ?

SUITE DE "la Miche"
http://latortuelegere.blogspot.com/2012/01/la-miche.html

début d'une petite histoire, jeu initié par la Mère Castor


La lettre ?

C'était bien la meilleure celle là ! Elle n'avait même pas mis de nom sur sa boîte et d'ailleurs cette boîte elle ne l'avait pas mise, elle l'avait trouvée là, cognée contre un mur de la maison, le long du chemin qui pousse jusqu'à la forêt. Alors elle l'avait laissée car elle n'aime pas déranger les choses, surtout pas.

La Miche elle respecte, et vu la tête de cette boîte aux lettres, on ne pouvait qu'avoir pitié et laisser en paix la chose.

Elle avait dû être en bois, sous la mousse on distinguait des petites lattes tordues et même des bouts de brindilles accrochés. Cette boîte avait entamé sa migration en nid il y a une vingtaine d'années, bien avant qu'elle ne s'installe là, La Miche.

De la mousse, un fil de fer par devant, comme un ultime résidu de corset, cherchait à fermer une porte qui n'était plus une porte, pas même un clapet, non rien. Fermée la boîte aux lettres, rouillée, habillée de mousse en hiver, les oiseaux s'y posaient de décembre à mars pour rependre leur élan, tâter la mousse dans leur bec, en grapiller un bout et déposer quelques fientes qui lui valaient des pousses hasardeuses au printemps.

C'était presque une copine cette boîte, elle lui parlait quand elle passait devant, lui jetait un oeil attendri, ça lui aurait fait du mal qu'elle disparaisse.

Mais le courrier vous n'y pensez pas. On était loin de l'idée, juste le facteur qui montait tous les mois lui apporter sa pension. Quand c'était Jeannot, on buvait un coup, quand c'était les jeunes remplaçants ils étaient toujours pressés, ne comprenaient pas en regardant cette boîte par laquelle plus rien n'entre et ne sort, ne savaient pas où poser le fruit de leur labeur qui les ennuyait. "Sur la chaise en bois devant la cuisine !" Elle avait beau le dire une fois, et deux, il fallait toujours un nouveau bêta pour ne pas savoir et frapper au carreau, tout énervé.

N'empêche qu'un jour c'est Jeannot qui lui tend une enveloppe, bien épaisse, beige et tamponnée de timbres exotiques que personne ne connait. "Ben Pascaline, en v'là du courrier dis donc ! Qui c'est qui t'écrit comme ça ?! Au moins c'est pas les impôts !". 

Elle pose l'enveloppe, lui sert son café, mais ce n'est pas comme d'habitude, elle n'a pas la tête à ça. Elle l'entend mais ne sait pas ce qu'il dit. Il raconte et rigole, mais tout seul ce coup là. Puis il part bien gentiment en refermant la porte. C'est avril mais le vent s'est engouffré sauvagement sur le raidillon  et de gros nuages promettent d'éclater. Il faut maintenir le poele bien au chaud ce matin.

Au dos de l'enveloppe est écrit, en noir penché :  "Ton ami Pagure. Tu trouveras où. ".

Bien tiens une énigme ? Elle a plus l'âge des gigondages de cette espèce, des miroitages de papillons pour jeunettes. C'est quoi celui là ? Un ami, de la famille, un amouraché ? Elle n'en n'a pas. Pagure ? Ca ne lui revient pas.

Elle ouvre et elle trouve un grand journal qui enveloppe un truc rond. Le journal est plutôt un magazine, en français on dirait, mais y'a un truc qui cloche, c'est pas comme chez nous. Le truc rond roule et veut s'échapper, il est courbé, comme une petite banane, et enveloppé d'une écorce épaisse comme un vieil arbre. Bon sang et si c'était un truc de drogué ? 

Une petite enveloppe blanche un peu passée, elle l'ouvre et lit. "Ma chère Pascaline, tu vois je t'ai retrouvée je crois. Nous avons bien changé sans doute, mais je n'ai pas oublié notre promesse, un soir de juillet au Monte Viliano. "Se donner des nouvelles avant de mourir." avais-tu dit. Je ne sais pas si je vais mourir bientôt ni comment tu vas, toi, mais se revoir, Pascaline, se revoir...Et comme tu as sans doute gardé ton caractère espiègle je t'envoie cette graine de chez moi. A l'aide du journal tu trouveras de quel arbre et de quelle région elle provient et c'est là que tu dois te rendre. Moi je ne peux pas bouger, tu comprendras quand tu me verras."

Au dos de la petite feuille blanche était agrafé un papier de couleur où était précisé en Post Scriptum : un ami passera te voir au marché au mois d'Août, vous verrez ensemble les détails".

Elle remerciât son père de l'avoir autorisée à aller à l'école et en plus elle avait aimé cela. Lire, elle savait, elle dévorât donc ce magazine qui parlait de plantes, d'arbres, d'outils et de graines à acheter. Elle découvrît le pacanier, ce noyer d'Outre-Atlantique et son fruit qu'elle tenait dans ses mains tremblantes. Parce que maintenant, oui, elle savait qui était l'expéditeur, elle se souvenait très bien de Pagure.

26 févr. 2012

la boîte et ses mystères, les sentiments palpitent


Tiens ben, chouette, pas loin de chez moi, un salon du livre au programme alléchant, ne serait-ce que la présence de Thierry Dedieu

Ca me rappelle une époque bloguesque où mes liens, sur un blog-foutoir-atelier, étaient ceux de dessinateurs, peintres et colleurs baveurs sur des enveloppes artistiques.

J'ai eu un premier blog, celui ci même, commencé avec une amie et poursuivi seule de long en large.
En même temps j'ouvrais un blog- carnet de croquis et couleurs ( le foutoir sus nommé), puis un blog où je contais une aventure sur un îlot du bout du monde, oui une aventure Robinsonne qui valait bien un blog à elle seule. Des lecteurs ont été invités sur cette île, nous concevions ensemble des billets avec leurs photos, je les faisais évoluer dans l'île perdue avec moi. On a beaucoup aimé.

J'avais aussi un blog-photos en même temps, toutes ces photos en numérique, je découvrais cet outil, il fallait mettre tout ça quelque part.

L'écriture prenait sa place, et puis, avec le temps, il fallait trouver des coins un peu intimes pour parler de soi, de ses souvenirs, de son enfance dans un blog plus privé. J'y ai mis mes plumes d'hirondelle, j'ai eu des grands coups d'émotions avec des lecteurs passionnants, passionnés, attentifs. Les rencontres par le net se construisaient.

Nos complicités. Celles de ceux qui se lisent entre eux, alors que tes soit disant amis ne te lisent pas, alors que ta famille ne sait rien de toi et depuis longtemps. Des complices, on en a besoin. Ils étaient là, derrière l'écran. Et en face à face, c'était les mêmes.

Les carnets sur le net me permettent de m'amuser, de créer, je ne me pose plus de questions sur le temps passé à les remplir, les ouvrir et les fermer, les garder proches ou serrés ou secrets sous les manteaux, comme des petits papiers qu'on se passe. Nous avons les nôtres.

Je ne compte plus les blog ouverts en plus de trois années. C'est un outil d'apprentissage et j'ai le sentiment d'y avoir avancé. J'y ai appris beaucoup, j'ai laissé derrière moi des préjugés, des peurs, je suis entrée dans le monde de ceux qui se parlent dans la toile d'araignée, se reconnaissent ( on en fait du tri avec l'habitude ! on va vers ceux qui nous ressemblent ou ceux avec lesquels il y a "quelque chose"...ce mystère est un aimant).

 Je suis quelqu'un qui s'ennuie vite, qui a besoin d'apprendre, de communiquer tout en gardant une distance, et d'être libre. Le net nous offre cette liberté et peut valoriser tout ce qu'on veut et ce qu'on est, ou ce qu'on essaie de faire exister. Les sentiments palpitent d'une façon imprévue et certaine, c'est sans doute la plus grande surprise que tu y trouves au bout de quelques mois. Tu es entré quelque part, tu ne sais comment.


24 févr. 2012

journée de paresse

Faire du feu dans le poele
petit dejeuner
soulever un peu de poussière, l'aspirer
écrire
un rêve et d'autres choses
prendre le soleil dans le jardin en plein midi
la chaise est ressortie, elle trône face à la chaleur chaude
Le chat se roule dans les graviers, il en ressort habillé de brindilles, de feuilles, et se fait brosser
voir les crocus sortir, tiens ce jaune je ne l'ai pas planté, il est chez lui
Mettre une petite barrière en bois sur le carré de fleurs face à l'entrée pour qu'aucun de ces messieurs aveugles, les bras chargés d'outils ne me piétine allégrement ce coin " ah pardon, j'avais rien vu !"
Tenter de planter l'osier mais décidément creuser me fatigue à l'avance
Creuser, défricher, désherber ? Non
je crois que ce petit jardin va vivre des vies de friches sauvages peuplées d'arbustes et de rosiers
Est-ce le dos, sont-ce les jardins passés, bichonnés, aménagés sans relâche ?
Je n'ai plus envie de rien faire
Je ne fais rien, assise au soleil je regarde les oiseaux le chat à mes pieds
je rentre et me pose sur la banquette, il est 15h. je reprends le roman d'Haruki Murakami. Je m'y suis perdue un peu, mais vais-je le rendre sans l'avoir lu en entier ?
Je reprends
Je suis à un moment important, enfin. Après des digressions, je touche au coeur, il me retouche au coeur.
Je m'arrête. Je sais que je tiens des pages délicieuses, alors j'ai le temps. Avec lui c'est tout un voyage.
Je fais des crêpes. j'en mange deux goûlument, sucre et confiture d'abricots maison.
je laisse le livre ouvert à la page, ouvert comme un goéland prêt à s'élever et posé sur un galet.
Le livre est moelleux sur deux coussins bleus.
Je suis paresseuse
Le soleil ralentit aussi sa course maintenant le jour, de plus en plus, prend place
je vois le printemps, je ne me souviens plus comment est le mois de mars
je pense : mars, mars ? chaud, froid ? Des feuilles, des fleurs ? les oiseaux préparent leurs chants
Je fais du feu, il faut penser au soir, à la fin de journée quand on se souvient que c'était l'hiver avant

trainer est mon métier
je suis paresseuse

au dessus du bureau j'ai mis des photos de peintures découpées dans un magazine. Une peintre anglaise, des théières, des tasses.


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22 févr. 2012

Miroir


Je tourne autour du pot. 
Et si le pot se retourne vers moi, que vais je lui répondre ?
"Je tourne autour de vous "? 
Est-ce bien sérieux, comment va-t-il me regarder alors.
Il engouffre mes pensées, il m'en voudra de les laisser tourner.
Je tourne autour du pot, je veux entrer dedans enfin, une fois pour toute.


Histoire de s'amuser

Bon, je me mets un pense bêtes icitte

Mère Castor a initié un jeu d'une histoire inspirée de mots du dico des mots précieux et rares.
Le 31 janvier j'ai démarré les aventures de La Miche ( dico lettre C)

http://latortuelegere.blogspot.com/2012/01/la-miche.html

le 29 février la suite avec  introduction d'un personnage surprise à piocher dans une nouvelle page ( lettre P) que la sorcière Castor a mise ici

http://lamerecastor.canalblog.com/archives/2012/02/01/23412786.html

bigre Diantre et Fichtre !!

( à suivre...)

21 févr. 2012

Changements de places

Je continue de lire des nouvelles de Murakami, prénom Haruki, il faut que je précise le prénom à chaque fois car on vient de m'offrir un livre d'un autre Murakami.

Certaines sont sans grande envergure, d'autres plus intrigantes. Hier le narrateur se réconcilie avec sa soeur longtemps après une brouille familiale. Cela pointe un moment de sa vie où il peut être au grand jour, lui même. Sa soeur attendait d'aller bien pour le recontacter et cela n'est jamais arrivé, son cancer allait de mal en pis. Ne sachant rien de sa santé, le frère lui téléphone justement la veille d'une hospitalisation.

Le récit se termine sur des pensées concernant les coincidences, tout le texte est consacré au hasard qui parle.

Bien avant le jour, je ne peux me rendormir. Je pense à une nièce de ma mère, je vais lui écrire. Elle était censée ne pas m'oublier et poser sur le papier leurs souvenirs, pour moi. Je le lui avais demandé, elle semblait émue de cette demande. Mais est-ce trop demander ? Je me rends compte qu'elle n'a pas ma nouvelle adresse. J'ai très peu envoyé de cartes de voeux l'année dernière, c'est pourtant l'année où j'ai aussi déménagé, en juin, et la réexpédition du courrier s'arrêtait en décembre. Dorénavant, qui n'a pas mon adresse ne peut plus me joindre. Février de l'année du dragon, et en prime j'ai fait du tri dans mes anciens contacts, un tri drastique, sans l'avoir prémédité, au contraire. De quoi avons nous la maîtrise finalement ?

Je viens aussi de recontacter deux personnes chères, par lettre, et bien sûr silence radio. Il m'est impossible d'interpréter le silence sauf quand il vient de moi, et encore...il oscille de façon ambigüe, jamais sûr de bien faire. Il fait comme il peut.

Ce matin au lever du soleil je change de place les tables du bureau. J'écris maintenant à l'ordinateur face aux fenêtres plein sud. L'arbre, encore nu, des maisons, la montagne à gauche. Les oiseaux se posent sur les branches de cet arbre, à deux mètres de mon nez. La cloche de l'église sonne, juste à distance, un écho ouaté et agréable.

Se trame comme une corde à sauter qui me parle, des débuts de textes, des commencements de roman. Sans encore savoir si je suis capable de créer un personnage et son histoire ou si c'est le Je qui l'emporte. L'imaginaire doit s'inviter, il ne  peut en être autrement. Alors valse la corde et je saute dedans à petites goulées. J'entrevois des passes dans mes murailles. 

Il fait un franc soleil givré ce matin. On y prend de l'altitude. De ces journées où l'on passe du givre blanc sur l'herbe aux après-midi claires qui font rougir les joues. Des journées pimentées, exotiques, où deux saisons s'installent au même endroit, printemps et hiver. Se saluent, se respectent, se laissent du temps, de la place. L'hiver dans le lit, pousse les volets. Le printemps livrera son soleil, chaleur à domicile, sortira dehors, fera sécher du linge sur le fil, boira un thé dans mon fauteuil. Attendra qu'hiver revienne du travail avant le soir, c'est lui qui bordera les couvertures. La nuit les étoiles sont des Cendrillon en paillettes, il faut les mériter pour les voir, être dehors quand tout le monde est dedans.
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20 févr. 2012

Pommes, amandes, quatre quart touchant la légèreté ?

Il y a huit jours je petit dejeunais en chambre d'hôtes et nous étions gâtés. Entre autre, un ramequin amandes et pommes m'attendait, tout chaud. J'ai demandé la recette et la cuisinière m'a dit " Je prends la recette de base du quatre quart et je mets de la poudre d'amandes en guise de farine. Et j'ajoute les pommes"

Ca m'a fait Tilt. Vu que dans mon dernier quatre quart j'ai remplacé à moitié le beurre par de la purée d'amandes pour que ma petite personne le digère plus facilement sans se sentir Blop blop une heure après.

Alors voilà ce que j'ai fait
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J'ai mis 50 gr de beurre et 50 gr ( 2 grosses cuil à soupe) de purée d'amandes dans un bol avec 100 gr de sucre. Au chaud à fondre là où tu peux. Poele, radiateur, soleil, couette...

Dans ce bol je casse deux oeufs entiers l'un après l'autre. En touillant bien, ça te fait une mayonnaise.

J'y ajoute 50 grs de farine et 50 grs de poudre d'amandes, la pincée de sel et de levure.

Je coupe des pommes en fines lamelles et je bourre l'appareil de ces pommes, jusqu'à saturation. Je mets dans un moule beurré et fariné, je rajoute même des bouts de pommes par dessus parce que j'aime quand il y a plus de fruits que de gâteau.

Cuisson lente, en douceur. 45 mns , 160 degrés, par ex ( moi j'ai cuit au four du poele)

Sur mes photos il est un peu trop cuit. Doré cela suffit... A toi de voir.

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Méfiance, tout chaud sorti du four, tu tombes dedans et ça fait mal. Hier après midi, oui les dimanche, tu sais le spleen au moment du goûter,  je lui ai fait une trouée géante qui m'a mise à la diète au souper !

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16 févr. 2012

la mal entendue, libérée

Finalement il me faut beaucoup de temps, parfois, pour comprendre. Je suis parfois naïve avec ma vie.
Je m'étais donnée rendez-vous dans cette ville et je ne le savais pas. Je croyais avoir compris les heures et les lieux et rien ne s'organisait comme dans ma tête. Mes oreilles avaient enregistré des informations d'un autre monde, sans doute ? Alors la réalité est enfin parvenue jusqu'à moi. Les décalages entre ce que je montre, ce que les amis croient et ce que je ressens profondément. Et le gouffre sous mes pieds s'est enfin présenté.


Je me prenais une claque, une claque au passé et à l'ego et c'était sans doute le moment, bien mérité.

Je pouvais grandir, il me fallait entendre, ce qu'on avait déjà essayé de me dire, ce qui m'avait fait souffrir, la distance entre nous désormais lucide, tranchée. Maintenant j'étais assise sur le trottoir et je le voyais défiler. Je pouvais partir. Ce serait définitif. L'amour l'est, cela ne change rien. " l'amitié est comme l'amour" me dit-elle, je lui dit que oui, ça j'en suis sûre.

Ce n'est plus la question. La question c'est que j'étais en décalage, désaxée, et que rien dans l'espace-temps ne m'accueillait. Tant ne m'accueillait.  J'étais une intruse trop souvent. Et je l'avais orchestré.

Alors j'ai enfin entendu, perçu et mesuré. Cette distance entre ce qui fut et ce qui est. Ma place ailleurs enfin, où je vis, là où j'ai tout à apprendre et où je me retrouve enfin.
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Non, il n'y aura plus de regrets, plus de nostalgie, je laisse derrière moi un chemin accompli. Je referme mes traces comme un ours dans la neige. Non, il n'y a plus d'illusions et plus de "et si...". Je ne suis pas celle, je ne me suis pas reconnue dans leurs yeux. Le temps a fait son affaire et c'est tant mieux. L'amour dans une boîte je le range à l'abri. 

Je me suis ancrée tout à coup. En quelques jours ailleurs, dans cette ville de l'enfance, me sentant paumée et désertée. Désertante, j'ai muté. Plus près de moi il me faudra me découvrir.
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10 févr. 2012

Sur la route

S'il y avait une première page ça se saurait.
On s'installerait dedans, ce serait comme mettre un pied dans une porte. Et on ne lâcherait plus prise.

J'ai terminé le dernier livre de Delphine De Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit". (J'ai failli me tromper et écrire "Joséphine" ou " Rien ne justifie"). Un beau travail personnel et bien écrit. J'ai eu envie de décrocher de cette lecture quand on quitte la vie de sa mère uniquement et que l'auteure entre en scène : elle enfant, ado, adulte et cette mère en face.

J'ai tellement sympathisé avec les personnages que je n'ai réalisé qu'à la fin que noms et prénoms n'étaient pas les leurs, j'étais déçue. Mais faut pas pousser, elle en dit déjà assez dans le genre mise à nue. Elle parle régulièrement de la façon dont les membres de sa famille appréhenderont ce récit de leurs vies, leurs vies aussi, forcément. "Ce sera ta version à toi, c'est tout, ce n'est qu'une version", voilà ce qu'ils lui disent, semble-t-il.

Terminer un tel ouvrage, et on sait le sang et l'eau que ça demande, cela doit être une sacrée affaire. Il ne peut en être autrement, cela doit être fait. La famille vous colle à la peau, vous redoutez toujours, vous vivez en sursis d'angoisses permanentes après la mort d'une mère. Et les circonstances sont décisives. Les années  et les mois précédents le décès vont être un calque posé sur les années à venir. Imparable. L'écrire alors, quoique cela soit, offre cet espace entre le calque étouffant et la vie libre. Offre l'espace suffisant pour subsister et rester unique, non pas collée aux faits, aux regrets, aux souvenirs, aux fratries déchirées, aux mal être des uns ou des autres. Etre soi. Dans son propre cadre pouvoir prendre et laisser et entrevoir une issue, un passage.

Ce qui doit être écrit doit être. Quelque soit le contenu. J'ai cru au début que j'écrirais autour de ma mère  et ses années de démence sénile, mais rien n'est moins sûr aujourd'hui. Cela pourrait être autre chose, même si je ne sais bien écrire que du vécu. Du vécu personnel ou de l'imaginaire déjanté. 

S'il y avait une première page quelque part on la prendrait comme on monte dans un bus, vite, s'accrochant au poteau en montant, ne sachant si on veut s'asseoir ou rester debout mal installé. On tiendrait. On roulerait. On suerait, on refuserait. Mais le bus serait en marche et finalement tu ne connais pas le chauffeur. Il se dévoilera au fil du trajet.
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8 févr. 2012

Préparatifs

Je suis allée prendre le sac à dos jaune dans le garage. C'est le plus gros et bien solide. Je prendrai le sac en toile aussi, celui là se porte sur l'épaule en bandoulière. A fleurs, tout mou, plein de poches sur les côtés. Mine de rien il contient pas mal. Je suis en train et à pied, je ne veux pas me courber comme un chameau à chaque pas. 
Comme je visiterai une amie qui tient une boutique de fringues et fripes, j'ai intérêt à laisser de la place dans mes sacs.Je sais bien comment ça se passe.
J'ai sorti du placard ma trousse de toilette ronde en pilou bleu. Fut un temps où c'était à jour là dedans. Je l'ouvre aujourd'hui en découvrant les échantillons, le petit savon, la brosse à dents, comme des ancêtres qui attendent dans un fauteuil à bascule. "Ah tiens, te revoilà, ben nous on a été sages, regardes, tout est resté en état". Dans de petites bouteilles il y a des liquides que je ne reconnais plus. Huiles ? Shampoing ?  Eau de toilette pour le visage ? Je sniffe, j'en mets sur le dos de ma main, j'essaie de me souvenir. J'utilise de moins en moins de choses ( bon je me lave quand même hein !)  et que du bio (jusqu'au crayon à zieux). 

Quand je pars quelques jours ou plus, je prépare toujours à l'avance mon sac. Je décide tout d'abord du sac à emporter, puis à chaque fois que je pense à un truc que je ne dois pas oublier je le mets illico dans ce sac, en vrac , comme un pense-bêtes. On organisera la place après. Cette méthode m'évite tout rush angoissant en dernière minute et le speed " à l'arrache", non merci ce n'est pas pour moi, je n'ai pas la carrure, pas la santé, pas le coeur pour. Quand je bouge je veux un confort maxi, moralement surtout. Je veux observer chaque seconde à la loupe, lentement. Le mouvement se répand en moi comme une tisane chaude. Occupe la place que je dois laisser ouverte, disponible et non pas froissée et tendue des derniers oublis et stress inutiles.

J'ai été élevée par des gens très très nerveux et en même temps un père très concentré. Angoissé et sérieux, appliqué sur tout. "Et si ceci, et si cela...." Il fallait anticiper, prévoir toute catastrophe possible pour être prêt à la déjouer et ne rien subir de fâcheux au dernier moment. Toute éventualité de problème était passée en revue mentalement, et toutes les solutions devaient être à portée de nos mains. Nous partions très en avance rejoindre gares, ports ou aéroports.

Cela te forge un caractère de la nana qui critique tout, compare, prévoit, analyse les problèmes et trouve des solutions de toutes sortes. Un genre de scout au rabais. J'étais la première à être prête, la valise en main. J'ai toujours un couteau dans mon sac, une bouteille d'eau, un biscuit. Les : "On ne sait jamais ce qui peut arriver" "Ne jamais être pris au dépourvu",  je suis tombée dans cette marmite toute petite.

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4 févr. 2012

déco déco








Le bordel des bureaux, c'est mon truc.
Si je viens chez toi ne me dis pas " fais pas attention, ..Oh là là c'est le bordel !" Tu vas m'agacer et je vais te répondre "non mais tu rigoles ?"

Un bureau, un atelier = du bordel. Comme 1 et 1 font....ben... font.
Bon là j'avoue, que je me répands pas mal, faut que je fasse gaffe de temps en temps parce que même moi je vais finir par trouver ça imbuvable.

Mais ce matin c'était " on tapisse des conserves". On colle des bouts de fleurs sur des pots. C'est facile et rigolo avec la colle à tapisser.

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Et puis on coupe les fleurs d'anniversaire et on les suspend sur le mur bleu. Sur ce mur il y a des pages de calendriers que j'affectionne particulièrement, que j'avais gardées depuis des années. Est-ce que c'est juste moi ou bien des fois, quand même, tu trouves qu'il y a des illustrations sublimes dans les calendriers que tu t'offres et tu les gardes ? Non, tu ne fais pas dans les beaux calendriers ? Non, tu n'as pas un genre de chose jolie avec des mois dessus, accrochée au mur. Bon. Moi si.
Vrai , ça doit être génétique alors. Et je ne te raconte pas la tronche du calendrier des postes de ma mère Alzheimer dans sa fin de vie chez elle. J'aurais aimé le garder. Je ne sais pas où il est passé. C'était devenu une mappemonde des années, un Barnum des jours passés. Elle ré écrivait les jours sur les calendriers périmés, mettait du stylo partout, raturait, entourait Une oeuvre d'art. Brute.

Je n'en suis pas là. Je punaise vulgairement les photos que j'aime. On a aligné en vertical ces photos de terrasses et vérandas en bois, d'architectes américains, de préférence au bord de l'eau. Ces photos me font rêver et il y a un petit bout de réalité qui est venu se coller malgré moi dans cette maison aux grosses planches de bois clouées au mur, blanches en haut, bleues en bas. Alors ça va.


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3 févr. 2012

la vie des nôtres

J'ai démarré "Plus rien ne s'oppose à la nuit" de D. Le Vigan. Plusieurs blogamies l'ont lu. J'ai bien perçu leur émoi.
J'ai démarré ce midi, ce livre se lit. Il défile , si on le laisse défiler. Au début j'ai dit euff. Ben...c'est à dire, comme un recul. Pas envie de lire la vie des autres ? Pas envie de lire une autre mère que la mienne, moi qui ai démarré un écrit qui attend sa vie ? Patiente...

Je me suis levée, j'ai posé le livre, j'ai remis du bois dans le poêle, j'ai même sorti une part de gâteau au chocolat du congélo et léché la cuillère sur le fondant qui avait réchauffé. A point. Besoin de réconfort ?
Après je m'y suis remise "ne fais pas ta mauvaise tête, essaies donc."

Et j'ai plongé dans la vie de Lucile. Bleue. Bleue aussi sur son lit de mort, de cendres, reposée, que sa fille découvrira un jour mais on n'en est pas là. Lucile est enfant dans Paris avec sa palanquée de frères et soeurs. L'après-guerre. Les photos de nos mères. Les photos de ma mère, femme que je ne connais pas tant que je n'ai pas vu le jour.

L'auteur raconte la vie de sa mère et de sa famille. Parfois cela me gêne, puis non, c'est comme un film, émouvant, vif et tremblant aussi de sa propre interrogation, ses doutes à mettre en scène cette vie qu'elle n'a pas connue, qu'elle imagine. Les chapitres du retour au présent, des doutes de l'auteur, de son cheminement, sont très intéressants et me font mieux plonger dans la vie de Lucile, sans rechigner.
Ses questionnements sont les miens : de quel droit parler de cette femme, de ces temps où l'on était pas ? Mettre en scène l'histoire des nôtres ? Se baser sur les témoignages ?

Quel(s) style(s) et quel rythme donner au récit ? 

On aime lire les vies. Serpenter dans les détours, s'accrocher aux images mentales, devenir parmi eux, un être mêlé de tous, de ce passé qui est le nôtre. Ces recoupements vitaux. 
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