30 juin 2011

la ritournelle, les ailes


Changer de nid, la ritournelle
La tortue légère et ses ailes foulent l'herbe de son jardin

Chaque jour l'aujourd'hui


Qu'est ce qui que quoi quelle ?
Le où les pourquoi les comment ont rendu leurs âmes

Les tourments s'abattent comme le vent
Droit devant frôle la gourmandise d'aimer sans rien chercher


Autrefois les nids je les construisais.
De mes mains j'en ai bâti un qui voletait tout seul et a résisté à tout.
Ami des mésanges. Amies.

Aujourd'hui dans les haies tortuesques longtemps sauvageonnes, les nids sont installés
Ils ne m'ont pas attendue. Personne n'attend.
Ils se sont remplis. La vie y éclate et pépille.


Ils sont trois non ? Combien tu en vois ?

Je coupais des branches sans réfléchir quand j'ai vu l'oeil de leur mère. Droit sur moi, assise sur sa demeure.


Tortue légère n'était pas fière...Depuis chaque jour elle lui parle et s'excuse, lui supplie de la pardonner et de continuer sa vie sans craindre. On dirait que les choses tournent rond. De toutes façons, ils sont là, elle doit tenir, affirmer sa place quelque soit l'humain qui en douterait. La merlette est chez elle, je ne fais que passer.

Je ne me considère pas chez moi, cela ne m'intéresse pas. Je veux être un moment. Habiter, rêver dedans et dehors, caresser le jardin, ne pas trop le formater. Colorer les murs, les amuser. D'autres viendront derrière moi et je pense aussi  à ceux qui ont ici habité et vieilli. 

La maison reste, nous en sommes les voyageurs.


18 juin 2011

Chez la tortue légère

Il se passe des drôles de trucs chez la tortue légère.
Elle a des pinceaux de couleurs dans des mains et monte sur des tabourets se tordre le cou, le cou qu'elle a déjà bien ridé et poussif, je vous dis.

Elle a décidé de faire tipi et tapis et rêves de contrées lointaines sur son mur.


Chaque jour maintenant elle en rajoute des morceaux. Des morceaux du rêve de tortue bâti pierre après pierre dans sa mémoire éléphantesque de fourmi passagère
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C'est qu'elle a vu la montagne enlacée par des nuages blancs
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Ainsi la tortue légère est partie vers des hémisphères et elle veut tous les poser devant. Que la terre rende grâce et que les esprits communient. Légèrement.




Elle veut les choses voir en grand maintenant. Cela prendra tout le temps.

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16 juin 2011

Vie de sauvage



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Tu crois être de mer. Mais au fond tu n'es que de là où tu es. Par endroits.

L'amour t'amène là d'où tu seras, c'est tout.
Tu crois être de mer et puis voilà rivières. Te voilà conquise par des roches brisées, des pentes vertes, des falaises calcaires où autrefois s'étendait la mer. Tu vis donc sur une mer retirée depuis des éternités, en lieu et place d'elle. Coulent des eaux claires, limpides, certaines languissent dans des chutes mousseuses  moyenâgeuses, toujours dans des creux, des caches. Et l'eau goutte à goutte. Attention tu pourrais glisser tant c'est humide parfois.

Tu crois être mer mais l'amour t'emmène là où tu ne sais pas. A chaque fois dans des lieux qui t'étaient totalement inconnus. Ils te prennent par le cou, t'enlacent, et tu ne sais plus, finalement, où tu es.

Je me souviens du premier automne ici, je venais d'arriver, en août. J'ai retrouvé les couleurs du Québec, les rouges d'érables en un peu moins. J'étais enchantée. Je faisais tout à pied. Les deux kilomètres pour les courses et la terrasse de troquet sur l'unique place du village. La beauté était simple, pas besoin de publicité, besoin de rien, juste deux pieds-deux yeux.

Et ici on est seul. Partout où l'on va il est facile d'être solitaire, juste un détour, un sentier de plus, et personne devant, personne derrière. C'est sans doute cela qui m'a séduit le plus fort.

Car je ne suis ni mer, ni terre, ni vent, ni feu, ni loin, ni proche et surtout pas montagnes, mais je suis sauvage. Je n'aime pas le monde, celui qui ne tourne pas rond, celui qui fait du bruit, crie, et joue sa comédie.

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