22 janv. 2019

Très belle séance

Et oui les ateliers se suivent et ne se ressemblent pas.

Moins de monde cette semaine et une concentration vive.
On était toutes à gratter frénétiquement notre planche de bois avec des outils non adaptés.

C'est le début d'un travail sur bois, avec l'idée de recréer la sensation d'un mur qui aurait vécu et serait un support de street art.

Première étape, le grattage, le tag, entrer dans la matière, commencer à la façonner.

Idée de la prof : je vous dis un mot et vous le dessinez. Mots tirés du travail de Brassaï d'après ses photos de murs.
"masque" " nature" "mort" "amour" animal, magie,
puis, sentiments.... peur, espoir, etc

Et moi j'ai fait quoi sur le premier mot ? J'ai dessiné le mot "Masque" au lieu de dessiner un masque
Ha ha ben oui " vous dessinez le mot" !!

On a bien ri !

Donc on dessinait en grattant le bois, en gravant.

Ensuite on a pu dessiner avec un feutre et aussi écrire carrément les mots.






Pas facile d'attaquer nos planches. 
Je crois que personne n'avait déjà fait cela, et pas sans outils adéquats.
On s'est débrouillées et on a transpiré !

Au bout d'une heure on avait carte blanche pour faire ce qu'on voulait, améliorer les grattages, ajouter quelques mots de notre choix.

L'idée n'est pas de remplir trop.
Il y aura deux autres étapes. L'une pour introduire un unique grand collage ( cf...Bansky...) qui se fondera dans le décor et accentuera le message de chacune. 
Il y aura aussi des petits collages qui seront regrattés et déchirés mais légèrement, on n'est pas entrain de refaire l'exercice des affiches déchirées ( oct 2018).
On fera aussi des photos. Mais je ne sais pas si ce sera pour le collage-message-inclusion ou pour autre chose...

J'ai suggéré qu'on utilise un peu de brou de noix pour vieillir un peu cette planche toue neuve. J'y ai ajouté du crayon graphite, on a des formats plats épais, de la forme d'un briquet plat, très agréables à manipuler.





.


















Tout le monde est concentré et bien curieux d'approfondir ce travail original.

Une très belle séance.

.

16 janv. 2019

Première étape de 2019 à l'atelier et futur éloignement

A l'atelier, fin du travail inspiré de Keith Haring, sur deux mardi.
Nous avons couvert des cartons, de petits personnages.
Encore fallait-il avoir trouvé lesquels, en fonction de notre propre univers personnel et d'un éventuel message à transmettre.
Pas facile !

Encre au début, puis peinture.





.












C'est ma troisième année dans cette école d'art, avec une année d'interruption en 2017-18.
J'aime la prof, très compétente et aussi un peu loufoque, bourrée d'idées et d'outils pour nous faire travailler et nous faire sortir des sentiers rebattus.

Par contre, j'ai régulièrement souffert du bavardage dans le groupe. Un bavardage de commères ou de confidences parfois impudiques, sur tous les sujets de la vie et souvent à voix haute qui fait que tu ne peux pas NE PAS entendre. 

Cela m'a toujours pesé. C'est différent d'un mardi à l'autre, parfois plus calme, selon les personnes présentes et le nombre. La prof a fini par en prendre son parti et régule à minima. On a beau avoir fait le point, d'année en année, en cherchant des compromis et des règles : comme " pas de politique !" ou " on fait une pause à 15h30 et là on discute de tout ce qu'on veut" ou "A voix basse s'il vous plait..."

Rien à faire, ce cadre ne tient pas, et surtout il n'est pas jugé important par la majorité des personnes ( c'est pour cela qu'il ne tient pas !). Je suis quasi la seule à souffrir de ces bavardages sans relation avec le travail en cours, l'art, etc. Chaque année je vois de nouvelles têtes arriver, elle repartent en fin d'année, souvent à cause de ce manque de concentration et de ce brouhaha de comptoir de café qui les irritent,  car elles viennent tout d'abord pour créer, apprendre et échanger sur les pratiques artistiques. Le reste c'est du bonus mais le déballage de la vie privée pendant qu'on essaie péniblement de peindre ou de trouver l'inspiration : non. 

Hier nous étions nombreux, une douzaine. Et ce fut insupportable pour moi : un bruit de fond incessant et braillard, doublé du fond musical que la prof impose ( jazzy, calme...). Je pense donc venir moins régulièrement à partir de mars. D'autant que mon nouvel emploi m'obligera à partir à mi séance.

Je regretterai la qualité de l'encadrement et la diversité des créations proposées. Mais je serai vraiment soulagée de quitter cette atmosphère bruyante et pas intéressante le plus souvent.

Profitons donc de ces derniers articles 2019 sur les mardi à l'atelier !

.

11 janv. 2019

Ici ça prend ou pas

Un rendez-vous très instructif hier au Centre social avec la directrice, une femme exceptionnelle, très ouverte, qui sait écouter, et qui, ensuite, sait dire, de manière claire, si oui, tu as raison de creuser ce projet ou si, non, cette idée n'est pas viable, ici, là, en instant T de ce lieu Ici ( le territoire, par ex, le village, etc). En même temps, comme elle le dit " Je ne suis sûre de rien". Dans l'absolu. Simplement elle évalue régulièrement ce qui se vit, se construit, est en mouvement ou stagne, dans l'environnement professionnel et associatif. Et elle en parle, de manière claire. Tranchée.

L'année dernière je suis venue la voir au sujet d'un projet d'animation sociale à domicile, chez les personnes âgées. L'idée m'était venue de proposer mes services mais ni pour du ménage ni pour du soin. Je m'étais renseignée, cela existe dans certains départements, qui offrent aussi des aides financières pour cela. J'ai passé trois mois à évaluer la viabilité du projet, j'ai rencontré une dizaine de professionnels, à divers niveaux de responsabilité, au plan départemental, communal, associatif etc. Quand j'ai vu cette directrice j'avais enfin eu des rendez-vous qui "planaient" moins et on me faisait comprendre que c'était bien joli mais que cela ne marcherait pas. C'est à la même conclusion qu'on est arrivées toutes les deux, l'année dernière, au Centre Social. C'était bien car le centre a une grande expérience avec les vieux, un service à domicile qui marche très bien, ainsi que des activités collectives, avec un large partenariat local. Donc, il connaissent très bien les familles. "Personne ne paiera pour ce genre de prestations" fut une nouvelle fois la rengaine, même si ce n'est pas la seule raison. Les freins sont multiples, mais je ne reviens pas là dessus dans cet article ( j'ai déjà écrit sur cette expé l'année dernière).

Non, c'est juste pour dire que cette femme est sincère et bien au fait de ce qui peut fonctionner. Le C.S est très actif, porteur de plein de projets qui touchent tous les âges. Innovant, audacieux, militant, et bien outillé sur la participation citoyenne. 

Je venais pour lui parler des coquelicots ( nousvoulonsdescoquelicots.org). Je suis finalement revenue bredouille sur le sujet, mais pas bredouille pour ma réflexion personnelle. Je suis venue seule, et déjà je savais que c'était une erreur. En octobre j'ai déjà essayé de rameuter des foules, sans résultat. J'avais bien compris que ce mouvement demande une arrière garde de pro. Des associations militantes, qui savent investir des places publiques tous les premiers vendredi du mois comme depuis le 5 octobre. Ici, c'est sur le Vercors qu'existe la seule association très impliquée dans l'écologie, dans l'animation, l'information, porteuse des coquelicots depuis le début, active, réactive, militante. Je ne vis pas sur les hauteurs, je suis quasi "dans la plaine" par rapport aux habitants du Vercors.  Je ne la connais pas, on s'est vus une fois le 5 octobre, on doit se revoir bientôt. Ils n'ont pas besoin de moi, ils ont leurs troupes, leurs réseaux, départementaux, régionaux et au delà. Ils bossent, ça bouge. Donc, moi, ben avec ce goût de me jeter dans les flammes je suis encore une fois allée sonner à une porte, seule, sans appui, sans arrière garde. J'ai pourtant déjà vu ce que cela donne dans mon secteur...

C'est d'ailleurs de cela dont je lui parle, de mon semi échec local. Les gens t'écoutent mais pas plus. Je suis même allée déposer des feuilles de signatures du mouvement, dans le fief bio local. Une ferme bio collective très engagée. Trois semaines plus tard, ils avaient perdu mes feuilles, ne les avaient pas montrées...10 signatures...alors que passent là au moins 100 personnes par semaine ! Et là elle m'arrête, me dit " Voilà, c'est exactement ce que je voulais vous dire. Ce que vous me racontez ça m'éclaire totalement." Oui, Y a t-il plus engagé contre les pesticides que cette ferme ? Non. Et  pourtant " Vous voyez, ça ne prend pas.". Alors que quand "ça prend' les gens sont là, les gens répondent présents. De là elle me parle de ses observations : on ne sait pas toujours pourquoi, on a beau des fois y mettre le paquet, avoir les financements, le personnel, les offres pour le public, le public plutôt ouvert...et ça ne marche pas, y'a rien à faire, ça ne trouve pas écho, ça fait flop. Ils ont le cas sur tout un pan de leurs actions sur la mobilité. Pourtant tout y est, même les véhicules. Je n'ai pas demandé les détails sur cette action qui a au moins dix ans d'âge. Visiblement le constat est un flop. Chacun continue de prendre sa bagnole, j'imagine, comme moi je le fais, dans un périmètre de 20 kms autour (et malgré un service départemental de cars journaliers).

On a discuté écologie, coquelicots. Elle accueille volontiers des groupes qui souhaitent s'organiser, elle soutient les associations qui sont déjà constituées. Mais moi, là, seule et avec mon propre constat que personne ne s'organise autour des coquelicots dans mon village...ben, oui je lui confirme " Cela ne prend pas, pas au point de former un groupe actif."

Je vois qu'elle a mis l'affiche des coquelicots dans son bureau, sur la vitre. On sourit. "Je suis fainéante moi aussi, dit-elle, je fais le minimum.". Puis on repart sur l'implication écologique des habitants. " Ils n'ont pas le temps. Il faut bosser pour manger, ils n'ont le temps pour rien."

Y'a des choses qui ne prennent pas. Elles prennent ailleurs, c'est là qu'il faut continuer à aller si tu veux les trouver, Laure, voilà ce que je me suis dit. Voilà qui m'a conforté. Et apaisée aussi. Il faut aller vers les associations existantes, vers les lieux qui nous conviennent, là où ils sont. Ici, tout près, ou ailleurs. 

Ma journée se terminait ainsi et j'en étais satisfaite. Le matin la démonstration m'en avait été donnée. Pas de "Lire et Faire Lire" dans mon secteur géographique ? Non, hélas, alors je suis repartie sur la ville voisine, pour y lire des livres dans les écoles, comme il y a deux ans. Le matin j'étais bien dans une classe géniale avec une enseignante motivée, ouverte, collaborative, qui m'a épatée. Je ne  trouve pas cette possibilité et cette qualité près de chez moi, je suis allée les trouver là où elles existent. Cela étonne beaucoup les gens que je rencontre dans cette ville voisine, atelier d'art, écoles pour lire des livres...on me dit " Mais tu fais la route !!!"...Ben oui, "C'est important pour moi, j'en ai besoin, et je ne trouve pas cela dans mon village". Je dois prendre ma voiture pour trouver ce qui m'est essentiel. C'est aussi ça la vie à la campagne, mais pas seulement. On est tous prêts à bouger pour apprendre, se faire du bien, se sentir vivant, utile, aimant. Y'a des essentiels qui trouvent un terreau à côté de ma maison, d'autres qui le prennent plus loin. J'ai enfin cessé de vouloir faire pousser des coquelicots dans les rues de mon village, ils pousseront un peu plus en hauteur cette année et peut être sans moi. Et c'est bien comme ça.

.



7 janv. 2019

7 janvier

Il fait gris. Je crois que cela fait un bout de temps qu'il fait gris. Bien sûr il y a des bribes de lumières. Oui, c'est vrai la semaine dernière, sous le mistral de la petite ville proche, il y avait de belles lumières. 

Ce matin cela reste bouché et puis il fait très froid. On est entrés dans l'ère glacière à la maison. La période où l'on sait exactement quels murs ne sont pas doublés de bois, et quelles fenêtres n'ont qu'un double vitrage ancien, c'est à dire toutes les fenêtres du haut.
On limite les frais de chauffage, la chaudière est programmée à minima. Caleçon sous pantalon, doubles chaussettes, cinq bonnes couches de laine et coton, finalement quand je sors, je me découvre, réchauffée par la marche. 
J'ai mis l'ordinateur portable dans mon atelier, sur une table mobile, un genre de plateau sur pattes. Tina collée au radiateur à côté de moi, je colle la table au radiateur. Je regarde dehors, il fait gris. J'irai quand même à la Poste pour les cinq dernières cartes. Cette année ma boîte est vide. On entre dans l'ère du sans courrier. Je suis sûre qu'il y aura toujours quelques forcenés comme moi, mais je crois qu'on glisse vers une ère glaciale dans les boîtes. Va falloir être fort, courageux, résistant et se serrer les coudes avec des timbres.

En parlant de nouvelles technologies qui détruisent le papier, une amie m'a proposé d'entrer dans un groupe "fermé" sur facebook. Non, y'a pas de gilets. L'idée est de poster des créations, des choses d'expressions personnelles, je crois. Thème d'écriture ou sinon du tout venant, libre. Je crois que ça va vite devenir illisible, en tout cas pour moi. Genre des 70 commentaires sur le fil d'un statut. Je me suis tout de suite sentie à côté de la plaque, décalée, quand j'ai vu que des mamans postaient des dessins de leurs enfants (trop jeunes pour avoir un compte). Et donc, montraient ce qu'elles font sur fb à leurs enfants. Là j'ai senti que j'étais vraiment sur une ancienne planète, celle où les mômes avaient leur propre réseau d'amis en chair et os, leurs cercles, leurs activités et les parents les leurs. Je n'ai jamais vécu avec un enfant 24h sur 24 avec le net. J'ai vécu des semaines durant avec ma nièce bébé et petite fille que ma mère a gardée non stop à un moment, quand j'avais 12 ans, dans les années 70. Rien à voir. J'ai aussi vécu régulièrement avec les deux filles d'un ami, qu'on gardait chez elles, plusieurs jours par mois. Elles n'étaient pas accro au net, elles étaient encore en C.M. Il parait que maintenant elles sont collées sur l'ordi, on ne les entend plus ( ouf ?). Je ne sais pas ce que les parents partagent avec leurs enfants via fb. J'imaginais qu'un groupe fermé initié par des adultes serait naturellement composé d'adultes. Un préjugé comme ça. Je débarque sur une planète constituée de personnes plus jeunes que moi et très habituées à la vie en réseau. Je le vois par plein de détails de manip in situ, de façon de se répondre, d'émoticones qui donnent la gerbe des émoticones, à force. Je me sens sur une autre zone, un autre monde, je suis d'un monde où il n'y avait pas le net. Et j'aime beaucoup cela. C'est inexplicable. Je garde ce bénéfice en moi. Je peux être accro, mais je le sens alors rapidement, et je peux prendre du recul. Je n'ai pas de téléphone stupidement connecté, que je consulterais toutes les minutes. Je n'en ai pas besoin. Tout cela reste accessoire pour moi. Ce que j'aime c'est la facilité d'écrire sur l'ordinateur, et le plaisir de partager, cela oui, c'est du bonus du net, ainsi que l'accès à une foule de connaissances. Bref, c'est une drôle d'expérience d'être admise dans un groupe, très ouvert, avec des gens qui sont d'une autre génération. Cet écart d'âge je le ressens sur ce site, alors que je ne le ressens pas avec mes amies qui ont la quarantaine.

Il y a quatre ans c'était 2015. Je n'aime pas y penser. Ce fut une année noire pour énormément de faits, de drames, d'amis, et j'ai même perdu mon travail, comme si les mauvaises nouvelles ne suffisaient pas. Une amie a perdu son mari. Elle commence à vraiment revivre et a enfin pu garder un nouveau boulot, qui la comble. A 60 ans sa vie reprend. Cela m'a redonné du courage à moi aussi.
Il y a quatre ans, je suivais les informations comme un folle, passionnément. Nous étions tous connectés, abasourdis, on essayait de ne pas sombrer devant la folie de tout ce qui se passait. On redécouvrait la violence aveugle, après les tours jumelles de 2001. On avait les pétoches. J'écoutais tous les débats, je m'abonnais à un journal en ligne, entre le début de l'année avec Charlie et le novembre au Bataclan, on était dézingués. Il a fallu du temps pour sauter le pas, faire une rééducation mentale.

Depuis plusieurs mois je me suis rangée dans le rang de ceux qui coupent les infos à la radio, mes radios chéries. Je supporte un peu France Culture. A part elle, ce n'est plus possible. Ni physiquement ni mentalement. Bien sûr je ne regarde pas la télé, et sur fb n'en parlons pas. Tous ces liens d'articles qu'on voit coloniser les pages des amis. Avec des gros titres pour bien créer la stupeur ou l'effarement. Je fuis immédiatement tout tentative d'intrusion dans mon espace psychique. Les informations à la radio sont caricaturales, comme si un fait ne pouvait plus être relaté. Les faits ne sont plus éclairants, ils sont archi interprétés, modifiés, vus de loin, remodelés, accaparés par tous. Cela a toujours été. Mais tout me semble trop, trop, et manipulé. On s'amuse avec des faits, des mouvements, on les recolore, on s'en sert, on édulcore, on assombrit. On édulcore énormément le mouvement G.J. Dont bien des formes d'action me scandalisent depuis le début. Il ne naîtra rien de collectif à grande échelle d'une telle diversité et de ses branches violentes. La force continuera avec force et fracas. Tu te crois victime ? Alors il y aura toujours des bons et des méchants, des entités sur lesquelles reporter tes frustrations. Tu ne crois plus en l'Etat ? Tu auras la dictature que tu mérites. Au mieux, je souhaite à des petits groupes locaux de devenir pérennes, organisés, prêts à travailler les formes de contestations et de propositions en direct, pas en faisant de ta vie un jeu de rôle sur le réseau. Je suis scandalisée d'entendre les propos des partis "d'opposition" s'approprier et utiliser la présence d'un mouvement aussi flou et très dangereux sur ses bords, scandalisée de ne pas les entendre dénoncer toutes les violences. Ils n'auront jamais mon vote.Ils attisent le feu, comme des gosses malhonnêtes. "La violence vient de l'Etat, il récolte ce qu'il sème ?". Tu ne dis rien des fachos et de l'extrême droite qui s'appuient sur un mouvement pacifiste et se frottent les mains ?  Trop de démagogie pour moi, c'est la gerbe. 

Donc, adios. j'ai rallié le parti des coupés des infox. Pour le moment.

.


2 janv. 2019

Postées

Postées Posti postita posta pasta pista postera

Je ne sais pas pour vous, ou pour le monde entier, mais les courriers en décembre ben non.
Jamais eu une boîte aussi vide.
Une exception le jour de Noël.  Mémorable.
Tout le monde ( entier ?) sait que je ne fête pas Noël alors se tait.
Mes milliers d'amis du monde entier et à moitié, vont sûrement se ruer sur leurs timbres pour m'envoyer quelque chose en janvier.
C'est sûr.
Non, peut être que cela finira par arriver, plus de Poste, plus de courriers écrits àvé les doigts.
La mort, quoi.

Rien à voir, mais avant hier nous parlions des années.
Comme 2020, bon, ça passe encore
Et à la radio, on entend que les bébés qui naissent verront 2102, sans doute.
Alors là, non.
On a fait un effort pour accepter 2000, ce n'était guère raisonnable.
2010, on s'y est fait.
2020, je veux bien, cela me fera 60 ans et je suis contente de les avoir ( de toute façon on ne peut plus reculer).
2030, une limite est atteinte dans mon cerveau. Il n'est pas envisageable d'y penser comme ça, à cru.
2050, faut pas déconner.
La suite on s'arrête, on sait où ça mène.
Donc, on parlait de ces chiffres du siècle quand j'ai dit "Une seule chose que j'aimerais tellement voir de mon vivant ce serait l'arrivée d'extra terrestres". Des entités venues de très loin, seules capables de nous empêcher de foutre en l'air la Terre, qui y est déjà pas mal, en l'air.
Oui, ça je voudrais bien, beaucoup. J'ai vécu avec un père raide dingue de science fiction, une double peau dans la maison, l'idée d'une vie dans d'autres galaxies, mon père exultait à cette idée. Moi aussi.
Y'a pas de raison qu'on soit les seuls capables de faire des conneries, de détruire ce qu'on a de plus précieux et de s'aimer à tire larigot.

Tout cela pour dire qu'on a encore posté des courriers. Une autre double peau familiale aussi. Les cartons de courriers, les lettres hebdomadaires à l'encre verte du père, lettres à son père. Récompensées en retour par les lettres du père à son fils.  Chaque semaine, sans aucun écart accepté. Les pépites. Entre Rouen où nous vivions et Paris où vivait mon grand-père, ça circulait les mots, les phrases, les pages de grand papier à lettres, blanc, uni, les enveloppes fermées avec les lèvres, les longues mains du père, la sortie dehors sur la place, pour mettre dans la boîte, c'était Noël tous les dimanches.

J'aime me souvenir de moi, sage et obéissante comme je l'ai été durant mes douze premières années. Quand l'enfant aime ses parents, les suit, les accompagne partout et enregistre chaque mouvement, chaque choix, chaque action. Ce matériau qui mûrit, immortel, vous pétrit lentement et sûrement. Comme ces heures en librairie-papeterie avec mon père, en bas de l'immeuble, sur cette jolie place animée de nombreux commerces. Silencieux tous les deux. Fouinant, écoutant, ouvrant mes yeux comme des soucoupes volantes, humant le papier, touchant, découvrant, embarquée sur une planète planante. Coupés de l'extérieur. On ressortait avec des beaux sacs en plastique plein. Promesses.


Ci dessous des photos de quelques unes des cartes fagotées, déchirées, collées, re re collées, bagarrées, bizarrées, encrées et pastelisées, qui trouveront des âmes simples et indulgentes pour les accepter en leurs maisons.


Le rêve

















Le vase de nulle part


Le fauteuil où tout est possible
























La maison qu'on aime




 La forêt bleue
























L'endroit où tu te caches
Les 3 reines


La belle Oiseau
 Le conquérant

Le canapé du magicien



Tous les oiseaux sont inspirés des Désailés deViolaine Fayolle




























.