21 mars 2015

L'embellie

C'est peut être une des choses que m'a appris la peinture depuis trois ans : on peut refaire et refaire et tout embellir. On peut recommencer autant qu'on le souhaite, tout essayer, et le fait d'être apprenti amateur sans enjeu autre que personnel, ouvre toutes les audaces.

 Je suis toujours étonnée quand je vois que des apprentis comme moi se brident, s'empêchent, ont des peurs. Mais en fait, non, bien sûr, je ne suis pas étonnée puisque c'est l'extraordinaire de cet art : nous y sommes transparents. Nos peurs et nos limites s'affichent. Mais on peut les repousser, les traverser.

J'ai repris une peinture de la semaine dernière qui ne me plaisait pas.
Ce matin, tout en bidouillant, je me disais que la peinture offre plus de folie créative que l'écriture. On y est plus libre, les matériaux sont sans fin, on peut jouer, essayer, transformer beaucoup plus que ce qu'on peut tenter sur un texte. Le texte reste tributaire des mots. La peinture utilise mille langues vivantes, on les invente même sans le savoir.

 La peinture touche encore plus à l'inconscient. Le corps est très impliqué, la circulation entre corps et esprit est intense. Je dis des évidences mais je l'ai juste encore ressenti ce matin.

J'ai donc commencé par de l'huile blanche. Tourné la feuille dans tous les sens. Partie sur une idée de paysage fantasque, je suis revenue vers un visage, à coup d'huile, encre sépia et pastels trempés dans l'huile de lin,
J'aurais aimé esquisser un corps mais je ne suis pas assez bonne en dessin pour le moment. Les traits ne s'assemblent pas bien pour créer des formes humaines. C'est un projet, je dois d'abord travailler le dessin.

Ainsi, donc....la transformation

La base, moche



La suite....




Rajout de pointes d'huile blanche à la fin















Un jour, quand je serai grande, je veux arriver à mêler abstrait, juste à la limite, et figuratif. Qu'il faille s'approcher et se laisser emmener pour distinguer, peut être, un corps, un animal, un visage, Mais que rien ne soit évident du premier regard.

Un jour, plus tard. Mais souvent, dans mes essais et bidouilleries, c'est ce Graal qui est dans ma tête.
Cela et bien d'autres choses...
Comme...beaucoup moins de couleurs.
Comme une harmonie Noir/blanc.
Comme de la matière beaucoup plus brute, des toiles épaisses.
Comme des paysages pas du tout figuratifs, signifiés par des masses de couleurs ( et pour cela je dois travailler les perspectives et être capable, déjà, de peindre un "simple paysage" !).

Comme, comme...en bref, j'en ai pour cent ans d'apprentissage. Ô Joie !
Bientôt au chômage, je vais me remettre en quête d'un atelier-cours pas trop loin.


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15 mars 2015

Mars en deux jours




















Les choses arrivent comme ça. Un mélange de point nommé et d'i sur les points.
Mars se déplie et je retire les arêtes chaque jour. Se déplier lisser le futur à sa façon.
Mais les choses arrivent comme ça, sans hasard, un hasard déguisé, bien fait, timing aux petits soins.
Même l'inattendu. cul par dessus tête, retombe sur ses pieds.

C'est ce que pensait la demoiselle, fondue dans la nature, une évanouie.

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13 mars 2015

Grand fleuve béant

On s'accrochait. Pourtant l'eau du fleuve était mauve et sale.

Sur le bord, du haut de la terrasse du restaurant, c'était très tard. Je n'avais pas envie d'être là, je ne suivais plus le rythme. J'avais décroché un espace-temps trop rapide. Mon corps était à une place,  ma tête avançait plus vite que jamais. Je n'étais pas faite pour vivre dans ce pays mais j'étais emportée par plus fou que ma seule présence. Irrationnellement. 

S'engage une survie quand on ne le sait pas encore. Je me suis engagée et je n'ai pas su sortir dignement. On s'accrochait. On s'accrochait tous, c'est bien ce qu'on a vu quand on a tous démissionné d'un coup, pas tous, quatre. Insolents. A savoir lequel croquerait plus fort la vie dans ses dents.

 Le risque, impotent, badigeonnait devant ma porte sa noirceur.

Je n'avais pas vingt ans, j'en avais dans les trente. Entre. Entre alors. Entre le romantisme exacerbé de ceux qui ne savent plus où aller pour se déchirer plus encore. On allait marquer d'une pierre, l'après serait pire, personne ne se doutait.

Bien sûr je t'ai rencontré. Pour moi tu as conté. Des milles et une, des étoilées. Pour toi j'ai remué sous les jupes, derrière les moustiquaires, j'ai nagé. La sueur perle à grosses gouttes sur nos dos. La vapeur est à flot. Nous coulons, nous bravons, nous mentons sans le savoir encore. On ment comme on respire, on se jette.

L'eau du grand fleuve est boueuse, épaisse, comment peut-on y flotter ? L'eau part du glacé au Nord d'un continent pour le traverser jusqu'aux mers chaudes. La vieille femme édentée lit l'avenir dans mes mains alors que je pars et que je n'en ai plus. Elle me dit que je ne reviendrai pas, pas ici. Je la crois mais je suis accablée, elle me dit que ce n'est pas toi, que je dois quitter de sang froid. Je ne veux plus lui donner ma main. Elle me fixe avec anxiété, elle voit autre chose et a peur. Je pars, j'ai fait mes valises, je ne veux plus l'entendre m'annoncer ce qui me reste.

L'eau violette et conquise se donne du Nord au Sud dans un parcours tragique et violent où tout le monde la touche, s'y couche et veut la retenir. Les ponts sont coupés, rescapés de guerre. J'aime ce grand pont détruit, je le photographie souvent. Il cloue les rives de la ville qui tente de se reconstruire. Je me sens agressée de toutes parts, seuls les bateaux qui traversent le fleuve me rassurent.

Un jour je décroche. Ce n'est pas que je ne m'accroche plus. Tu décroches, toi, contre moi, comme on retire un tableau d'un mur. Sans le mur je glisse, ce qui était peint entre nous devient brouillé, invraisemblable. Avais-je rêvé ? La ville est crasseuse et sans espoir. Le fleuve continue de me charrier. Boueuse, inaccessible, dérivée. Je ne lutte plus parce que je ne sais plus où. Le creux, la soif, l'inexistence d'un amour sauvage qui a rongé sa proie. Le fleuve ne me retient pas. Parfois il remonte, parfois il descend, c'est un grand fleuve de vie capable de changer le sens du courant, dans un endroit précis, une zone en forme de lac où tout le monde se rend.

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11 mars 2015

Primavera bella




Je n'ai pas encore pris de photos de mars 2015, j'ai retrouvé celles ci dans le dossier mars 2014. Les mars se ressemblent-ils ?
Peut être pas mais primevèrement parlant, si, ainsi que du côté merlous.
Il y a des valeurs qui s'assurent d'elles mêmes et c'est bien bon.

J'ai amené un petit bouquet de primevères colorées au travail. Et bien j'ai créé la surprise, la découverte. Il y a des personnes, charmantes au demeurant, qui ne connaissent pas la poétique, la douceur et les couleurs des primevères d'un jardin. Il faut dire que le mien a vécu bien avant moi et que les mauves, prunes, roses variés sont multiples chez mes amies primavera.

Ainsi un bouquet enfantin, de ces fleurs, mes préférées, a créé l'étonnement.

On ne sait pas, non, les surprises qu'on peut provoquer chez ceux qu'on aime.

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