Suite de l'histoire de La Miche ( cf libellé La Miche)
La Miche c'est Pascaline qui a longtemps vécu planquée en haut du sentier à vendre des fromages de chèvres le mercredi et les fins de semaine, mais la Miche a changé de vie suite à un courrier.
C'est ainsi, tu prends le bus pour quitter ton village, sans te retourner. Elle avait su faire autrefois et finalement elle constatait que c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Pagure son ancien amoureux et quand on dit ancien, faut pas se méprendre, cela ne veut rien dire. Pagure, donc, avait écrit qu'il tiendrait promesse, celle de se revoir, même si on ne compte plus le nombre des années.
Comment et où, tout restait à voir, elle suivait un genre d'instructions vagues qui l'avaient amenée Baie des Lys dans le cabanon de la tante de Pagure.
Un endroit formidable et elle ne bougeait plus. Elle avait attendu un peu, il lui avait dit que quelqu'un viendrait la chercher mais niet et elle s'en amusait, au fond. Il avait toujours aimé les surprises, elle moins, mais avec le temps elle n'était plus impatiente et maintenant qu'elle avait fait les valises, l'essentiel était en route.
Le cabanon surplombait la mer sans qu'on puisse l'atteindre. Un paradis sous son nez, vert, émeraude, parfois marine. Pas un seul bateau, la crique était très escarpée et n'apportait aucun avantage par rapport au défilé de petites plages de l'autre côté.
Non, elle baignait dans les animaux du maquis. Ils étaient bruyants, vagabonds mais toujours à revenir dans ses parages. Au bout de la route elle avait trouvé un petit bus qui s'arrêtait à 8h30 et 17h. Il l'amenait à l'épicerie où elle avait pu constater que c'était l'été en faisant la queue avec des olibrius les pieds plein de sable. Il ne fallait pas qu'elle oublie quand même ce qu'étaient les humains. Mais ils étaient de bonne humeur et un peu taquins entre garçons et filles, elle aimait bien.
Un chat était venu, puis un deuxième et elle leur achetait des gâteries car l'épicier avait des sardines un jour sur deux. Elle faisait des grillades sur la terrasse sous les oliviers et le grand eucalyptus. Ils s'asseyaient les chats et elle, chacun une chaise et ils scrutaient l'horizon sans rien en attendre absolument Alors tout venait dans leurs yeux clairs. Ils se parlaient et entretenaient des conversations d'ordre philosophique sur le souvenir, les oiseaux de mer, les fourmis volantes près de la boite aux lettres, et la course des étoiles entre
minuit et quatre heures du matin.
Les dahlias de la tante vivaient leur vie, avaient survécu à tout et renaissaient de plus belle cet été. Elle en faisait des bouquets et se réjouissait le coeur de voir le soleil s'y lever. Oui, rien d'autre à attendre.
Plus bouger. Elle avait même retrouvé le petit radio-magnétophone à cassettes et il marchait.
Plus bouger. Elle avait même retrouvé le petit radio-magnétophone à cassettes et il marchait.
Et si c'était lui qui venait ?
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