SUITE DE "la Miche"
http://latortuelegere.blogspot.com/2012/01/la-miche.html
début d'une petite histoire, jeu initié par la Mère Castor
La lettre ?
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La lettre ?
C'était bien la meilleure celle là ! Elle n'avait même pas mis de nom sur sa boîte et d'ailleurs cette boîte elle ne l'avait pas mise, elle l'avait trouvée là, cognée contre un mur de la maison, le long du chemin qui pousse jusqu'à la forêt. Alors elle l'avait laissée car elle n'aime pas déranger les choses, surtout pas.
La Miche elle respecte, et vu la tête de cette boîte aux lettres, on ne pouvait qu'avoir pitié et laisser en paix la chose.
Elle avait dû être en bois, sous la mousse on distinguait des petites lattes tordues et même des bouts de brindilles accrochés. Cette boîte avait entamé sa migration en nid il y a une vingtaine d'années, bien avant qu'elle ne s'installe là, La Miche.
De la mousse, un fil de fer par devant, comme un ultime résidu de corset, cherchait à fermer une porte qui n'était plus une porte, pas même un clapet, non rien. Fermée la boîte aux lettres, rouillée, habillée de mousse en hiver, les oiseaux s'y posaient de décembre à mars pour rependre leur élan, tâter la mousse dans leur bec, en grapiller un bout et déposer quelques fientes qui lui valaient des pousses hasardeuses au printemps.
C'était presque une copine cette boîte, elle lui parlait quand elle passait devant, lui jetait un oeil attendri, ça lui aurait fait du mal qu'elle disparaisse.
Mais le courrier vous n'y pensez pas. On était loin de l'idée, juste le facteur qui montait tous les mois lui apporter sa pension. Quand c'était Jeannot, on buvait un coup, quand c'était les jeunes remplaçants ils étaient toujours pressés, ne comprenaient pas en regardant cette boîte par laquelle plus rien n'entre et ne sort, ne savaient pas où poser le fruit de leur labeur qui les ennuyait. "Sur la chaise en bois devant la cuisine !" Elle avait beau le dire une fois, et deux, il fallait toujours un nouveau bêta pour ne pas savoir et frapper au carreau, tout énervé.
N'empêche qu'un jour c'est Jeannot qui lui tend une enveloppe, bien épaisse, beige et tamponnée de timbres exotiques que personne ne connait. "Ben Pascaline, en v'là du courrier dis donc ! Qui c'est qui t'écrit comme ça ?! Au moins c'est pas les impôts !".
Elle pose l'enveloppe, lui sert son café, mais ce n'est pas comme d'habitude, elle n'a pas la tête à ça. Elle l'entend mais ne sait pas ce qu'il dit. Il raconte et rigole, mais tout seul ce coup là. Puis il part bien gentiment en refermant la porte. C'est avril mais le vent s'est engouffré sauvagement sur le raidillon et de gros nuages promettent d'éclater. Il faut maintenir le poele bien au chaud ce matin.
Au dos de l'enveloppe est écrit, en noir penché : "Ton ami Pagure. Tu trouveras où. ".
Bien tiens une énigme ? Elle a plus l'âge des gigondages de cette espèce, des miroitages de papillons pour jeunettes. C'est quoi celui là ? Un ami, de la famille, un amouraché ? Elle n'en n'a pas. Pagure ? Ca ne lui revient pas.
Bien tiens une énigme ? Elle a plus l'âge des gigondages de cette espèce, des miroitages de papillons pour jeunettes. C'est quoi celui là ? Un ami, de la famille, un amouraché ? Elle n'en n'a pas. Pagure ? Ca ne lui revient pas.
Elle ouvre et elle trouve un grand journal qui enveloppe un truc rond. Le journal est plutôt un magazine, en français on dirait, mais y'a un truc qui cloche, c'est pas comme chez nous. Le truc rond roule et veut s'échapper, il est courbé, comme une petite banane, et enveloppé d'une écorce épaisse comme un vieil arbre. Bon sang et si c'était un truc de drogué ?
Une petite enveloppe blanche un peu passée, elle l'ouvre et lit. "Ma chère Pascaline, tu vois je t'ai retrouvée je crois. Nous avons bien changé sans doute, mais je n'ai pas oublié notre promesse, un soir de juillet au Monte Viliano. "Se donner des nouvelles avant de mourir." avais-tu dit. Je ne sais pas si je vais mourir bientôt ni comment tu vas, toi, mais se revoir, Pascaline, se revoir...Et comme tu as sans doute gardé ton caractère espiègle je t'envoie cette graine de chez moi. A l'aide du journal tu trouveras de quel arbre et de quelle région elle provient et c'est là que tu dois te rendre. Moi je ne peux pas bouger, tu comprendras quand tu me verras."
Au dos de la petite feuille blanche était agrafé un papier de couleur où était précisé en Post Scriptum : un ami passera te voir au marché au mois d'Août, vous verrez ensemble les détails".
Elle remerciât son père de l'avoir autorisée à aller à l'école et en plus elle avait aimé cela. Lire, elle savait, elle dévorât donc ce magazine qui parlait de plantes, d'arbres, d'outils et de graines à acheter. Elle découvrît le pacanier, ce noyer d'Outre-Atlantique et son fruit qu'elle tenait dans ses mains tremblantes. Parce que maintenant, oui, elle savait qui était l'expéditeur, elle se souvenait très bien de Pagure.