18 janv. 2011

Les valises

Je suis née auprès de gens curieux de tout qui aimaient bouger. C'est ainsi, je suis tombée dedans. Comment cela se passe -t-il ? Petite je devais sentir cette excitation monter au fil des jours, sans doute.
Un genre d'adrénaline.
D'abord on fixe une date et un lieu. C'est comme cela que tout commence.Est-ce que cela s'appelle un projet ? Je ne sais pas. Peut être une destination. Et l'idée qu'on va bouger s'installe comme un démon dans chaque recoin de ton esprit.
Nous allions souvent dans les lieux plutôt amis, connus, familiaux, et sinon j'avais aussi le luxe et la chance de séjourner dans des hôtels ( j'en suis restée amoureuse, enfin ceux qui sont corrects, avec un minimum de confort vital...). Voiture, train, bateau, avion nous prenions.

J'ai toujours été indépendante et solitaire, avec les valises c'était pareil. Je pense qu'à huit ans je n'avais besoin de personne pour les faire et les boucler. Les deux "grands" partis dès leurs dix-huit ans, je me suis retrouvée seule et autonome dans la maison très vite, pour tout et pour voyager itou. J'avais ma propre valise, ma trousse de toilettes. La veille, ma mère venait voir si j'avais besoin de quelque chose ou de quelqu'un. Je n'avais pas besoin. Ma propre valise à la main, je l'amenais devant la porte d'entrée bien avant l'heure de partir. Et pas besoin de me secouer comme un prunier dans le lit pour partir aux aurores. Prête comme un petit soldat. Lavée, habillée, guillerette, impatiente et silencieuse, observant ces adultes nerveux et inquiets de tout fermer, de tout vérifier et mon père dans la voiture d'énumérer ce que ma mère aurait pu oublier de ses affaires, parce que lui ne faisait guère ses valises seul. Ces hommes là, de cette génération là. Ces femmes là...

 Bretagne sud, de gauche à droite : ma mère, mon père me portant, les deux grands, ma grand-mère paternelle-québécoise.


Moi je venais d'une autre planète. J'en avais eu confirmation dans un livre de la collection Rouge et or . "Tombée du ciel", c'est le titre. C'est l'histoire de Mo, petite fille tombée d'une planète nommée Asra, et recueillie par des enfants terriens. Mo a un très beau collier de perles grosses et translucides.


Et sur sa planète "On ne pleure jamais" dit-elle aux enfants. 

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6 commentaires:

Tifenn a dit…

J'aime le sourire de ta grand-mère et tes joues rebondies :-)
Voyageuse tu es, bouillante. Ici, je refais les peintures pour compenser les non-départs. J'adore partir.

Lôlà a dit…

et le vent dans nos cheveux, tu as vu le vent breton ? je ne sais plus si c'est Perros Guirec ou La Baule et mon père aimait aussi Quiberon.

Tanakia a dit…

Tombé du ciel à travers les nuages
Quel heureux présage pour un aiguilleur du ciel.
(...)
Tombé à terre pour la fille qu'on aime
Se relever indemne et retomber amoureux
(...°

tu as réveillé ces mots de Jacques Higelin en moi. j'aime aussi cette chanson...

L. a dit…

Oh je n'y avais pas pensé mais bien sûr.Quelle Joie !! Merci.

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

De mon enfance, je partage avec toi, la collection Rouge et Or dont un de mes premiers livres s'appelait Kapi, fils de loup. Mes rêves sont beaucoup partis de lectures, parce que pour le reste, ce fût tout sauf rose, pour moi. Tous les enfants n'ont pas la m^me chance.
Belle soirée à toi,

Roger

Lôlà a dit…

Bien sûr, chaque enfance nous détermine et moi j'ai eu la chance, le bagage solide et heureux, j'ai pu rompre les amarres à 16 ans, quitter ces parents que je détestais à l'époque, avec lesquels je ne communiquais pas.
Ah, Les livres, s'ils pouvaient raconter les enfants qui les ont lus...!!
Merci ROger
Tu vois toi, comme tu fais chemin, c'est tellement toi, c'est ça la vie. Oser.