5 oct. 2020

Sans compte à rendre

 Bonjour à toi qui lis ici, saches que vous êtes trois grand maxi et je te félicite pour cette compassion et curiosité que tu maintiens, vraiment je m'incline et te bizoute les orteils, si tu les as propres.

Aujourd'hui est un jour nouveau, je quitte Pôle emploi. En vérité je pensais que mes droits finissaient cet été mais je n'ai pas eu de nouvelles. Et à partir de ce mois ci, ayant négocié une augmentation ( pour la première fois de ma vie), je n'ai plus besoin de rester inscrite pour recevoir un complément à mon salaire. Quand tu as droit à une allocation et que tu travailles ausi, si ton salaire ne dépasse pas le montant de ton alloc, pôle emploi te met un bout d'allocation. J'avais droit à 600 euros sans bosser. Je travaille depuis un an et demi, et par exemple quand j'avais un salaire de 500 euros, j'avais genre 100 euros d'alloc. Tu vois le truc. Je viens de toucher mon premier salaire depuis mon "augmentation" ( conséquente)...et cela me mettra toujours très au delà de 600 euros. Et puis Basta. Cela fait du bien de quitter ce système et ne plus avoir à rendre de compte, ne plus envoyer mon bulletin de salaire, ne plus attendre la compensation pour savoir de quel argent mensuel je dispose.

Je ne sais pas si je serais un jour ré inscrite à Pôle emploi. J'ai un Contrat à durée Indéterminé depuis février 2019. Je garde des fillettes chez elles. Cela s'est fait d'un seul coup, en une heure de temps. Je ne savais pas, quelques mois auparavant que j'allais faire ce travail. J'avais ça en tête, "au pire"...mais vraiment en pis aller. Pourtant ce travail inattendu m'a sauvé la vie, ou le moral, précisément !

J'étais inscrite à Pôle emploi suite à une année scolaire au sein d'une école pourrie, en tant qu'accompagnante d'enfants handicapés ( quasiment la plus terrible expérience de ma vie, non pas sur le travail avec les enfants mais sur le contexte terrible d'une école retardataire, d'un autre siècle et m'ayant méprisée comme jamais dans toute ma vie professionnelle !). J'ai refusé de reprendre un CDD, j'avais déjà eu du mal à rester en poste durant dix mois. Madoué, quelle expérience !

Donc, mes droits, antérieurs à ce job en école, ont été remis en route puis mes droits liés au travail dans  l'école pourrie sont venus rallonger la durée et le montant des allocations. J'en étais là, ayant quitté l'école depuis trois mois et entrain de m'en remettre quand Pôle emploi m'a obligé à suivre une "formation" pour remobiliser les séniors, un truc "Tremplin de mes deux" ça s'appelait. Au Secours ! On était huit. Un homme sympa, plein d'expériences et avec un cerveau, qui savait lire et écrire et aimait cela. Et le reste..mamamia. On était, en plus, en plein "gilets jaunes", et je devais me taper une brochette de mecs total paumés, furibards, mode FN en jaune. On en pouvait déjà plus de les croiser aux rond-points, te criant dessus, tapant sur la bagnole parce que tu n'avais pas de gilet jaune sur le pare brise. No Way. On aurait dû savoir que, déjà, ça sentait la fin d'un monde, qu'on commençait à plonger dans le dur, dans la casse, que le XXeme siècle était totalement révolu, c'était du Trump Donald avant l'heure, la pente est là, on est mûrs pour des trucs de m......

Bref, j'ai fui vite fait ce groupe en mettant une jolie carte de visite bidouillée à l'arrache et affichée au centre social du bourg et à la crèche ( qui était prête à m'embaucher pour les remplacements). Diplômée, garde enfants à domicile, téléphone. Je rentre chez moi. Une heure après sonne le téléphone, une femme avenante me dit qu'elle cherche quelqu'un. On se donne rendez-vous chez elle. Sur la colline perchée dans une immense maison neuve, ancienne ferme de papy. Elle a un bébé d'un mois dans les bras. Tu m'imagines...Le courant passe tout de suite. Trois jours plus tard, je rencontre le papa et l'aînée de trois ans. Toi qui me lis aussi ailleurs, sur un blog d'écriture actuellement en jachère, tu as suivi mes émois 2019, mes admirations, mes bouleversements. 

Avant tout cela, jusqu'en 2015, je faisais le métier pour lequel je suis faite et pour lequel j'ai repris la fac de 1993 à 1997 puis de 2000 à 2002. J'étais professeur de français pour adultes, le plus souvent avec des personnes étrangères. Formatrice en Centre social sur des ateliers sociolinguistiques où tous les thèmes, toutes les activités, étaient possibles afin que des femmes sachent mieux vivre et communiquer en France et avec le français. Après un changement radical de mairie, la section "Education populaire" de la structure a été démantelée, quatre personnes licenciées économiques. En plein Charlie. 55 ans. J'étais pas prête.

Maintenant je me fais douceurs, je me fais plaisir avec mes pépettes, je soigne mes plaies et je me réjouis. Mais je n'apprends rien. Tout est dit. Se soigner est bien. Indispensable. Ne pas se faire du mal aussi. Laisser le cerveau au repos l'est moins ? Sentir qu'il y a tout un tas de pièces en moi, de lieux, de matériaux dans ma tête qui s'endorment, ne gravitent plus, ne se mélangent plus, s'assoupissent et traînent savate...Voilà ce qui ne va pas et devra aller autrement. Quand ? Comment ?

Je dis maintenant que je suis sortie du renoncement dans lequel mon licenciement de 2015 m'avait enfermée. Mais alors ? Fruits tomberont-ils du pommier ? Fleurs sortiront-elles de mon crâne ? Or reviendra-t-il au bout de mes neurones ?

 

 




 

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2 commentaires:

Iseredrome a dit…

L'enracinement dans l'un des chapeaux, les fleurs et couleurs dans l'autre m'inspirent une belle envolée de vie. Chapeau haut !

La tortue légère a dit…

Merci !!
Oui je les aime aussi
Tous partis dans des courriers
Il faudra que je t'en fasse un