J'ai cessé d'aller à l'atelier adultes du mardi car mes horaires de travail sont peu compatibles avec les trois heures de la séance. Je suis revenue aujourd'hui pour retrouver la prof, découvrir les oeuvres produites depuis mon départ ( février !) et dire un au revoir le plus discret possible. J'ai réussi tout cela, j'ai réussi à masquer mon émotion et ma tristesse qui m'ont pris la gorge une fois sortie.
Je me souviens être souvent sortie de ce local envahie de soulèvements intérieurs profonds, de joie, de réalisations, au point de ne plus savoir où je vivais, au point d'avoir oublié toute notion de temps aussi et de me retrouver au dehors éberluée, dispersée en paillettes puissantes dans l'espace.
Cet atelier a été un fil rouge sur trois années de chômage forcé ( perte d'emploi/ licenciement économique d'un tiers du personnel). Il m'a tenue debout, il m'a appris beaucoup, en particulier appris à refaire, à exiger plus de moi, j'ai appris à reprendre une création sans avoir peur de tout gâcher, de gâcher le premier jet parfois prometteur. La prof est vraiment très professionnelle et en même temps imprévisible. Elle a de très bonnes idées pour nous faire travailler sur le thème de l'année. Elle anime aussi des ateliers d'enfants et d'ados et leurs productions sont celles que j'admire le plus.
J'ai été le reporter de atelier du mardi. J'ai vite proposé de prendre régulièrement des photos, la prof a apprécié. Chaque semaine je lui envoyais mes photos. Elle en a fait un album de l'année en 2017. J'ai adoré prendre mes collègues en pleine action, j'essayais de ne pas montrer les visages mais les mains, les mouvements, et les réalisations.
Oui, c'est difficile de quitter ce lieu de partages et d'apprentissages où chacun se dévoile tant, en silence, avec pudeur.
Cette année le thème était le street art, la poésie urbaine.
Voici ce que j'ai vu dans l'atelier aujourd'hui.
Cliquer sur les photos pour mieux en profiter.
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A l'hiver nous avons travaillé sur l'architecture des villes.
Les enfants ont fait des maquettes qui trônent en vertical sur un mur
On était entrain de s'inspirer du travail de JR quand A.Varda est morte
Peinture collective
Un graffeur est venu en avril pour une séance sur le travail avec la bombe de peinture
La table de travail...
Hommage à Varda et JR
Les silhouettes de l'extérieur ont été modifiées avec des photocopies de mains des élèves
Un oeil qui va être réparé
Préparation pour un mur de 60 m de long sur lequel tous les ateliers vont travailler le 5 juin.
Inspiration métro de N.Y
Des wagons rouges seront peints puis tagués par groupes ou en solo ( enfants, ados, adultes, une centaine d'élèves)
Sculptures posées au sol
Je les trouve super
Dernières vue de l'atelier et de la prof (bandeau rose), un sacré bout de femme !
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J'ai tout de même le coeur gros ce soir.
Gros et rempli.
Une page se tourne...
Pour aimer il faut laisser
Pour choisir aussi.
Et remercier.
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5 commentaires:
La conscience "des dernières fois" a souvent quelque chose de déchirant. Et pourtant, nous savons qu'il faut en passer par là. Ce sont des étapes obligées qui nous nous abîment le cœur mais qui, par leur caractère symbolique, nous permettent de passer à autre chose. Et puis l'art nous façonne tout autant que nous le faisons...
Merci Dominique
Oui tu as raison. Dans ce cas précis je crois que c'est moi qui suis plus attachée au lieu que l'inverse, ce lieu qui voit défiler tant d'êtres depuis des décennies.
Je pense aussi que chaque départ, même "petit" réveille les plus grands, d'autres adieux et en cela comptent, sont utiles pour "re brasser" la matière intérieure.
Nous sommes faits d'étapes, sommes nous des escaliers qui s'amusent à monter et descendre en même temps ? Sur un paillasson nous nous regardons chercher des points d'assise...
Tu adorerais Agnès, l'instit d'Etigny. Mes 2 fils ont eu la chance de l'avoir en primaire : une prof géniale qui laisse la part belle à l'art, la création et toutes formes d'expression. Sa salle de classe est un foutoir incroyable mais les enfants y évoluent sans contraintes et s'y épanouissent intelligemment. Tous ceux qui sont passés "entre ses mains" sont devenus des collégiens sereins, affirmés et bienveillants. Elle les perd mais ils gardent beaucoup d'elle. Quand mes enfants étaient au collège, la principale lors d'une rencontre, s'étonnait que les délégués de classe soient toujours des anciens d'Etigny. C'est parce qu'Agnès, par son enseignement si peu conforme, son école de vie, les préparait mine de rien à vouloir défendre et aider l'autre, à ne pas avoir peur de s'exprimer devant des adultes... Bref, je suis convaincue du bien-fondé de ce type d'expérience, en classe ou en atelier extra scolaire. Et si la survie de l'humanité dépendait de l'expression artistique ?
Je comprends bien sûr ton émotion à y retourner, parce que toi aussi tu sais tout ce que ça apporte.
Laure coucou enfin peu à peu je retrouve des traces qui peut être nous permettront de nous retrouver ! Je comprends ton émotion en retournant dans un lieu où tu ne pouvais plus aller.... sentir tout ce que tu as en quelque sorte abandonné !
je t'ai mis un mot au hasard sur une adresse? ???
A vrai dire ce type de démarche correspond à mon quotidien dans lequel je me sens de + en+inutile et perdue tout ceci me poursuit jusque dans mes nuits...
Si tu peux me faire parvenir ton adresse postale .....
Merci Cécile et Nicole-Passe temps
Je suis désolée de ne lire vos commentaires que plusieurs mois après !
J'avais délaissé ce blog, que je vais reprendre.
Merci merci merci à vous
Et oui, cécile, cette Agnès est une perle, un caillou blanc sur le chemin des enfants, éternellement
Bises
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