Tu veux des fleurs ?

Que fais-tu le 1er novembre ?

Non, ne compte pas sur moi pour aller sur des tombes. Non pas que je ne veuille pas le faire. J'en connais une, là haut dans le Nord, que j'aimerais bien visiter. Je ne sais pas si j'en serais capable, il faudrait aussi, avant, que je fasse faire une petite plaque qui indiquerait les dates de vie de ma mère. Elle rejoindrait ainsi son époux. Chose qui n'a pas été possible au moment de sa mort, les enfants étant devenus fous. Oui, tu vois, parlons d'autre chose.

Ce matin j'ai pris la route vers la gare d'où s'envolait le tendre et cher. Les lumières étaient magiques, de ces lumières d'après pluies. De ces cieux mauves bleu je ne sais comment. De ces oranges sur les arbres, jaunes, verts, des tons tranchés, exacerbés. On a eu deux arc-en-ciels. Les grands platanes le long de la route avaient des troncs sculptés, vernis de blanc. Au retour ces mêmes troncs affichaient un vert bronze délavé. Je ne sais pas comment ils font.

Plus tard, le gris revint. Il fallut manger des crêpes et je m'en vais faire des cookies au chocolat, oui.

Entre les deux, entre le gris et les cookies, j'ai passé du temps dans mon atelier-bureau. J'ai repris des collages ratés, en forme de cartes postales.

Et j'ai retrouvé cette idée simple de coller des bandes fleuries. Le plus simple est parfois le mieux.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai donc enfilé les productions, c'est pas compliqué, tu coupes, tu colles, c'est le collage pour les nuls. Et j'en connais qui aiment recevoir des cartes dans leurs boîtes, encore faut-il me donner ton adresse, tu sais.

D'habitude je fais une carte à la fois, en pensant à une personne précisément.  Me prenant un peu la tête, dans divers sens. Jusqu'à ce que le résultat me convienne au moins un peu. Oui, ne sois pas exigeant sinon tu n'auras plus rien. Mais un premier novembre, tout est différent, surtout qu'il est tombé des cordes et que je n'avais rien à faire dehors de plus essentiel que de te coller des fleurs. Alors, j'ai fait plusieurs cartes fleuries, au hasard. Elles partiront à la Poste et je ne sais pas encore vraiment pour qui. Tu as peut être une chance.

J'ai aussi une histoire marrante, un peu une histoire de jalousie mal placée. Que j'ai transformée en cadeau, une guirlande de papier, faite de petits bouquets découpés dans un bouquin puis transformés. Une action très thérapeutique, qui m'a fait sourire, au fond, à la fin.

Tina, ma jolie chatte sage, prudente et futée, est là et me regarde, l'air sérieux, assise sur une couverture épaisse comme un bateau, un rose chateau-fort posé sur le fauteuil en osier. Vraiment sacrément bien logée.

Demain ce sera le deux. Deux c'est mieux qu'un. Je t'assure. Mais il fallait bien commencer le mois, comme à chaque fois.







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