4 nov. 2011

En pluies dans ma bouche

Cette nuit le vent n'a pas molli, force sud sud-est avec tempérament et chats roux, et un bruit fort claquetant dans la cheminée, clapotis non encore définis à vous réveiller un buffle mais Lui ronflait. Comment font-ils, les hommes pour être des hommes ?

Pluie sans mollir, de fermes à agitées, réellement en partouze dantesque sur ma terrasse couverte mais néanmoins trempée jusqu'à la petite culotte , c'est à dire à la limite, tout au fond de la dite terrasse, où sèche le bois . On a frôlé l'apocalypse ? 
Non on  avait déjà nagé dedans, en soirée, en découvrant, Horreur !, qu'un chat un peu malade avait fait ses besoins sur le tapis pakistanais tout neuf, tout resplendissant. J'ai râlé sans discontinuer en nettoyant à coups d'éponge, de savon, de chiffon, et de détachant chimique que l'ancienne propriétaire avait laissé. Qu'elle en soit remerciée même si, en règle générale, elle n'a quasi rien laissé d'intéressant, au contraire. Mais j'arrête de râler. Ceci dit je suis entrain de prendre la ferme décision de ne plus avoir de chats après ces deux là. Lui ne dit rien mais pense le contraire. 

C'est ainsi que nous partîmes faire les courses vers 11h, grand parapluie en main. J'ai eu des envies de palette de porc, fumée ?,  pourquoi pas. La dame du rayon charcuterie m'a convaincue. Vous n'avez pas plus petit ? Non, elle a dit. Inconsciente je suis devenue, emportant ce gros bout de porc. Et ça se garde bien hein ? Y'a intêret.

On est revenus avec des projets culinaires, en premier lieu un cheese-cake avec des "carrés frais G....". Mon père les aimait, je me demande pourquoi. Je n'y ai jamais gouté. Tout ce qui est mou et provient de la vache me donne la nausée. Mais je veux faire un cheese-cake avec. J'ai un souvenir de celui de P., ma coloc d'un temps, au Laos. Elle avait acheté un fromage occidental, genre brie ou je ne sais pas. Elle ne m'a rien dit. M'a présenté le gâteau tout frais qui était un délice. Je n'en n'ai jamais mangé d'aussi bon. 

Pourquoi cela me rappelle-t-il le dernier carrotcake dégusté sur le Marché J.Talon à Montréal ? De ces gâteaux anglo-saxons que je ne sais pas encore bien faire, rien à voir avec the Original. Ma part était si grosse en cet été 2007, seule attablée au restaurant-café, avec vue sur le marché ( magnifique endroit, de tout ce qui se mange, de partout, de quoi y passer ta vie), je n'ai pas pu finir. Une part d'ogre. Je voulais que ma vie s'arrête en ce lieu béni . A une table de café, avec le goût sucré du gâteau en bouche et derrière la vitrine toute la vie du monde, des montagnes de fruits et de légumes, des ananas épluchés à la minute  devant toi dégoulinant de leur miel.

Il faisait beau, tout était parfait et moi inconnue autant devant que derrière la vitrine, avec à peine cette pointe de nostalgie que te donne la certitude de l'unique, du précieux, qui va à nouveau changer d'adresse dès que tu te lèves pour sortir, et qu'il faudra encore aller chercher autre part, alors qu'elle était là. Elle. La fin en soi. La suffisante.
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Tiens, il re pleut..
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifique !
(un texte gourmandise pour Scribie à Madame Laure !)

bérangere a dit…

d'accord avec le comm ci-dessus !

Laure a dit…

Ah vous me rassurez, je l'aimais beaucoup sur le coup. Hier j'ai relu et me suis demandé si c'était lisible et si finalement je n'avais pas fait encore une petite transe stricto perso. Ouarp !