Le notaire n'en revient pas " Je n'ai jamais vu un dossier aller si vite ! On a signé quand ? le 8 avril ?"
La dame de l'agence est bouche bée "Ah bon vous avez déjà pensé aux travaux ? Oh ben vous êtes déjà dedans alors ?!"
Ben vouiii. Et ce matin tite mère c'est moi qui ai fait ta job mais je m'en fous. A la mairie j'ai poireauté jusqu'à ce qu'on me donne les deux paplards qui manquaient. Y zont été bien sympas d'ailleurs.
Voui je les ai amené myself au notaire, moi myself sur mes deux pieds, Le Sieur n'en revenait pas, ma chère. Et il m'a confirmé que la Banque de la proprio devait fournir un document et que cela prendrait du temps. Ô douce France et tes documents par milliers que le Monde entier nous envie ! Nous sommes im-ba-ttables dans le genre je cherche des poux, je cumule les photocopies, je veux cet exemplaire et vous me le mettrez par écrit siouplé.
Y z'en reviennent pas qu'on veuille les clés et démarrer les rendez-vous avec la troupe d'artisans qui vont nous aider à remettre cette bicoque debout ? C'est bien, ils ont le temps dans la tête. Pourquoi on l'a pas, nous ?
Because....C'est vrai du coup, comme d'hab, je me demande "Mais pourquoi on a l'air de sioux, de fous, de pas comme les autres ?"
Toi t'es toi tu trouves normal de penser comme tu penses, tu agis, tu bouges avec tout ce qui t'a créé, t'a fait dans ton bocal. Et pis y'a un ti poisson rouge de l'autre côté du calbo qui te regarde et se demande si t'as eu tes graines ce matin ou si c'est quoi cette potion que t'as avalée dans son dos pendant qu'il bullait de bon matin.
Oui, mon amour, c'est toujours pareil, on brusque, on dérange, on se faufile pas dans les interstices qu'il faut. On n'attend pas.
Voilà ça doit être ça, on n'attend pas. On laisse pas couler, on n'attend pas. Pas tout seul, pas sans avoir tout essayé.
Et quand je les vois, Dame Agence et Sieur Notaire ( jeune et très chouette ceci étant), quand je les vois penser qu'on est des zigotos pressés du bocal, je ne trouve rien d'autre pour m'expliquer ce décalage : oui on n'a pas su attendre dans nos vies. On est des hirsutes, des qui n'en veulent leur malabar, leur tranche de vivre, on va mourir demain, c'est la raison de la cause de notre turbin, de notre remue méninges.
Ce n'est pas qu'il y a urgence, c'est qu'il y a . Oui la maison dort, elle a tout le temps, elle attend depuis cinq ans, une vraie Belle au bois.
Mais nous on dort plus depuis vachement longtemps. On a épuisé les lauriers-oreillers et les belles lurettes. On ne sait plus rien de rien, on est des inquiets de la vie mon amour. On n'a pas le temps de tourner autour.
Loin je t'ai rencontré, t'étais déjà tout couturé. Toi ça se voit, moi je le cache bien.
Alors au jour de ce jour, c'est vrai ce qui nous reste ce serait peaufiner les contours, fumer la moquette des rêves, faire semblant d'être sûrs.
On parle de la vie, on parle de la mort. Cette maison m'oblige à faire un testament. Toi tu dis que je suis plus prête que toi à mourir, qu'un jour je te l'ai dit. Zut, t'as une mémoire d'éléphant !
.
.
Jaunes. En fait je voulais dire, il y en a même des jaunes. A chaque fois que je vais dans le jardin, ce futur jardin, oh ce matin j'ai fait un rond avec des pierres au centre. Un début de spirale, en gros. Je plante jamais droit, j'ai pas le choix. Ca me vient tout seul en binant, en fourchant, je suis sur un balai de sorcière, ça me vient tout seul, et je plante en rond ou en vagues. C'est comme ça.
Jaune roses. Après les roses puis les rouges. Celles là sentent la mémé et la pêche blanche ( ma préférée). Plus docile, rangée en hauteur comme des pois de senteurs.
Or donc j'accumule les roses du jardin, je les ramène avec moi faute de clés, je ramène des pétales et je les accumule. Les clés je les emprunte à Dame Agence pour profiter du jardin quand même, malgré les paperasseries de Douce France qui ne sont pas encore toutes arrivées. Seigneur Notaire se marre et dit "Ne croyez pas au miracle, il nous faudra encore 15 jours".
Dame Agence, qui n'a jamais vu ça de toute sa carrière, m'a finalement lâché " Allez, la prochaine fois gardez la clé du portail avec vous pour être libre d'y aller quand vous voulez".
12 commentaires:
Tous ces pétales comme des ailes de senteur, miam.
Oui, pourquoi attendre ?
Bises
Oui, voilà. Et oui, ces pétales et leurs parfums sucrés. Une confiture de pétales de roses. Na.
mmmmh c'est beau dans cette nouvelle maison de tortue...
Des envies de changement que ça me donne tout ça...
Une nouvelle maison, un jardin de douce France, felicitations.
oui, les papiers , les pas pieds dans le plat,
t'as raison de les bousculer, les roses n'attendent pas !
Merci les Dames de Partout et du Coeur d'avoir lu ce billet long et long...
Biz
Les papiers avancent et en attendant je décide mettre en cartons l'appart...Une maison en cartons il va devenir, c'est toujours ça. Un devenir en cartons ?
Pour info : la photo de la porte vitrée c'est au Conservatoire des ocres à Roussillon. Vraiment un endroit de rêves.
Cela pétille comme un cour de récré ton billet, pas une cour de lycée, non des primaire sou des maternelles qui sont dans l'urgence et l'énergie de vivre. Un délice de te lire et de plonger avec toi le nez dans les pétales de rose. Si tu crois que la belle au bois dormant aime les mots doux, donne nous son adresse, nous allosn lui écrire des tendresses en attendant que les papiers miraculeux la libère enfin de ses sortilèges.
J'aime l'idée de cette maison belle au bois que tu vas réveiller c'est sûr ! Déjà le jardin sort de son sommeil, des fleurs, des haricots bientôt des chats... et pépita et Crousti !!!
Vous aurez l'adresse de la Belle, c'est sûr
elle a déjà un nom que voici :
Boiseline
C'est un scoop, chhhuuutttt....
Vive nos cours de récréation, tiens je me fera bien prof de récréation, tu me donnes des idées...on pourrait écrire un conte là dessus !
Oui Fée il y aura beaucoup d'amis. Une douzaine de peluches animés, deux chats gros et doux et tutti quanti et tous les nouveaux amis du jardin, beaucoup d'oiseaux et j'ai appris que le voisin est ornithologue !!
Très joliment raconté. Vous êtes des agités du bocal et c'est un compliment.
Or je comprends, notre passage à la vie rurale s'est fait de manière aussi expéditive et enthousiaste :))
s.h.
Ah bé merci toé le môsieur que je connais pas c'est ben gentil de lire ce paquet de noix que j'ai laissé ci dessus ! Lexicologue tu fut ? Moi je futes ethnographe, arf arf...si si...A bientôt dans tes verdures des mots.
Enregistrer un commentaire