4 mai 2011

Journal de campagne.

Il a plu hier, elle m'a prise de surprise, au volant, au tournant.
C'est toujours au même endroit. La plaine quittée, il y a ce tournant où tu ouvres la fenêtre, enfin la vitre  ( au volant, dis je...) et l'odeur d'humide s'infiltre dans tes narines.
C'est un endroit où tout bascule. Adieu sécheresse et mistral. Le buis, les rivières, les eaux vertes, les mousses. C'est ce que te disent tes narines dès ce premier tournant.
Plus tard, plusieurs virages après, tu traverses le pont, et les pattes d'éléphant du Vercors te salueront.

Hier dans le virage qui te fait changer de tout, les gouttes sur le pare-brise. La pluie était décidée. 

J'allais à ma banque-du village. Là j'ai entendu une dame dire "Non, c'est juste une petite pluie." Elle savait mieux que moi, elle est de là. Moi, venant de la plaine, je trouvais cette pluie une aubaine. Je trouvais qu'elle mouillait, même courte, je la trouvais forte.

Tout est relatif mon zami. Tout dépend d'où tu viens et où tu crois aller. A partir de là, rien n'est réalité, tout est subjectivité. Ce que je vois, ce que je sens, n'est pas ce que tu vois ni ce que tu sens.
Comment vivre ensemble alors ? Comment partager, coexister, faire démocratie,  affirmer collectivement, par exemple ?

Pour te faire rire, je reviens à ma banque. Enfin "cette" banque. Je n'ai aucun contact précis de près. En ce moment, très provisoirement.., il y a des pépéttes sur mon compte, j'achète un bien, alors je me suis tapée un rendez-vous et deux accueils au guichet.
J'ai pensé aux Monty Pithon et tous ces sketches dont seuls les english ont le don, en tout cas celui de me faire pisser de rire.

Hier il y avait tout pour. Le gars à l'accueil doit être un repêché du Pôle emploi. La cinquantaine, casable nulle part. Il n'a plus d'ongle, ce sont des bouts de trucs froissés au bout de ses doigts, recouverts d'un genre de vernis. Il tape avec un doigt, pété de trouille sur l'ordi. Il est pathétique. La dernière fois c'était pas mieux, la demoiselle s'était trompée d'un zéro pour enregistrer mon chèque. Un genre de blondasse sortie d'une Loft story. Et qui voulait un rendez-vous avec moi pour parler placement !?? Non mais c'est une plaisanterie ?? Où est la caméra cachée que je me marre pour de vrai !??

Toujours est-il qu'hier la directrice a repris en main les affaires car le gars a passé dix minutes à taper trois trucs et a constaté qu'il " n'avait pas la délégation, je ne peux pas le faire"

( Oui, oui, j'avais vu avant toi que tu ne le ferais pas mon pôvre RoToto...)
Me voilà dans le bureau de la dirlo herself. Elle aussi elle est sortie de la Ferme des celebrity ou quoi ? Tenue de minette, ton de télémarketing, sourire dentifrice. Mielleuse et mauvaise comédienne...mais sachant taper avec toutes ses mains et ne se trompant pas dans les chiffres. Ca doit être ça le critère pour être directrice d'une mini agence.

J'ai été très vilaine. Pas voulu lui faire une conversation de people de chez Farfouille-mes-oies. J'ai à peine souri, j'avais pas trouvé la caméra caché, la reality du moment me rendait un peu chaffouin.

Ouf ! sortie de là, plus de pluies mais j'aimais bien. Suis allée chez le quincaillier-droguiste-plombier-zingueur- du village. Ouf, là j'ai trouvé des vrais professionnels pleins de bon sens et pas lèche-bottes. Ca faisait du bien.

Bon, quoi vous mettre comme photo pour tout ça ? Je ne vois pas...
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10 commentaires:

by Danie a dit…

bah si, une photo du virage, ou ca devient vert et qu'il pleut..
ta description de la banque est tellement vraie, et tres rigolotte, bravo pour l'exercice de genre. Et euh, le zero, il etait en plus au moins?

Anonyme a dit…

Non le zéro était en moins. genre 200 au lieu de 2000 euros...Oui, dans une banque, oui...
Ha Ah Monty Pithon à mon secours, venez !!!
Pour la photo, bonne idée...mais il faudra que quelqu'un prenne le volant dans ledit virage !

Tifenn a dit…

Tu comprends pourquoi j'en suis partie?

Laure passagère a dit…

Ah mais ça c'est sûr et bien avant de vivre tout cela je te comprenais déjà !
Je découvre, en fait...et je fuis.

Mingingi des prairies a dit…

Oh là là trop drôle ta description de la banque, l'autre jour dans la rue scène délire : une banquière qui courait en talons très très hauts derrière un client à qui elle avait oublié de faire signer "un truc super important" "Oh là là, je viens de me faire engueuler par le patron y faut que vous reveniez au bureau pour signer" !!!!! J'aime quand tu dis que tu as été très vilaine... je me reconnais, à la banque je peux pas sourire, je fais un blocage je supporte pas, je n'ai qu'une envie : fuir ! J'arrive pas à faire risette ni même à prendre du recul pour avoir un chouia d'humour alors j'espère me souvenir de ton texte la prochaine fois...

Laure passagère a dit…

AH HA aH...les pauvres banquières à talons !!

Jimidi a dit…

En illustration ? Un parapluie fiscal, peut-être ? Hi hi !

Laure en Drôme a dit…

Ah ha ah, mais ils sont clando chez moi, pas de talons hauts...pas de photos !

Tifenn a dit…

Euh, je ne mettais pas de talons non plus, gniark :-)

Laure passagère a dit…

Oui mais toé t'étais un drone, un spy gauchiste venur espionner les banquiers...Ouarff !