Projet d'écriture, mars 2023. Portraits d'amies perdues. Les bases et critères d'écriture.
Ce samedi 18 mars, presque printemps, je pose les premières pierres d'une idée qui m'a trottée en tête cette semaine. Ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas, ou surtout, il me faudrait trois pages pour le dire.
L'idée c'est d'écrire sur les amies "perdues".
Sur les personnes qui ont été là, souvent via le travail, qui ont compté, même si, parfois, notre relation fut courte. Mais voilà, malgré ma mémoire souvent amnésique, voilà que je me souviens encore d'elles, que j'ai des images très précises, mes neurones ont été tatoués.
Elles ont sans doute changé ma vie, ouvert des sentiers, on s'est tenu la main quand on cherchait des pistes, on a ri, on s'est connues, suffisamment pour que je les garde maintenant qu'on ne se verra plus. On ne se connaît plus et on ne se verra plus, pour une majorité d'entre elles j'en suis certaine, même si la vie réserve d'immenses surprises jusqu'au bout.
Il y aura un article par personne.
Et j'ai décidé de quelques critères pour m'aider à trancher, à laisser certaines de côté, dans l'espoir peut être...
Les critères de choix et les modalités sont:
- Etre femme
- Avoir marqué un ou de nombreux moments de ma vie
-Ne plus avoir aucune coordonnées de ces personnes, ni adresse, ni téléphone, ni adresse mail, ni facebook, etc etc
- Pour une majorité d'entre elles, ne plus être en relation depuis vingt ans ou plus.
- Raconter ce qui fut, en vrai, mais ne pas nommer par les vrais prénoms.
- Chacune aura un surnom-mot qui la qualifie à mes yeux. J'ai pris la première chose qui me venait en tête en pensant à chacune. Il y aura donc "La chanteuse", la fulgurante", "La confiante", "La tranquille", "La forestière", etc etc
- Il n'y aura pas ou peu de description physique, c'est un challenge pour moi, mais ce n'est pas de leur "aspect" dont je veux parler
- J'écrirai sur leur sensibilité, leur parcours, notre relation, leurs failles, leurs forces, en toute subjectivité.
-J'écrirai sur "comment on s'est rencontrées" et "comment on s'est défaites", en toute subjectivité.
J'ai toujours voulu écrire sur l'amitié, qui est une valeur et un vécu qui ont façonnés ma vie depuis mon entrée à l'école primaire.
Ecrire sur ce thème n'est pas aisé. C'est une intimité totale. Les ruptures d'amitiés, par exemple, sont presque pires que celles d'amour. Elles se vivent sur un autre registre, peut être parce qu'on n'a rien prémédité, parce qu'elles arrivent malgré nous, nous échappent totalement. La relation est née presque sans y penser, naturellement, dans une confiance enfantine, pure et généreuse, et se rompt.
Rupture dans une simplicité confondante, sans heurts et sans que des mots soient posés. De la même trempe que la naissance de la relation. Tout nous échappe. Très souvent, rien depuis le début, n'est ni contrôlé ni explicité. Doux compromis, telles que nous sommes, à un moment donné puis à un autre moment qui ne se donne plus. Un parcours commun se termine, tel un sentier dans les bois qui laisse place très naturellement à une route.
Parfois ce compromis doux devient cruel ou amer La rupture ne semble pas mutuelle et est tranchée nette dans une sidération et parfois une violence à laquelle on ne s'attendait pas, même si on a été "forcément" actif, puisque tout est mutuel dans une relation. Quel est cet étrange sentiment ?
Je dis toujours que chaque ami.e est un morceau du puzzle-des-amis, ce puzzle vital. Il manque une pièce ? Alors il manque un morceau de puzzle, peut être est-ce un petit truc à droite pas précis, peut être est-ce un motif très dessiné en plein milieu. Chaque ami a sa couleur, ses particularités, sa voix, ses gestes, ses opinions, ses façons d'être, tout est singulier et nous enrichit de cette couleur rare, la sienne, introuvable ailleurs.
Parmi la douzaine d'histoires à venir, le temps a souvent fait son travail sans trop de douleurs. Pour la majorité d'entre elles, je ne souffre pas de ne plus les connaître. Et en écrivant cette phrase je pense avec émotion "Certaines ne te manquent-elles pas tout de même ?". Et je réponds: si, si, et savent-elles combien elles m'ont aidées, m'ont éblouies, m'ont fait du bien ? C'est peut être pourquoi je veux l'écrire, pour garder traces et gratitude. Pour adoucir aussi les absences, toutes les absences.
.
.
.
2 commentaires:
Les amitiés.
Les profs aussi. Parfois les deux ?
Beau.
Ah pour moi c'est totalement autre chose "les profs". Les profs sont des adultes quand on est enfant et des pairs quand on est adulte et qu'on étudie. Ils sont des totem, des formateurs parce qu'ils portent dès le départ un savoir, des connaissances et des qualités d'accompagnement. En ce sens ils sont essentiels. Dès le départ les rôles sont très définis entre un prof et son élève, etc, la relation est cadrée un max. Bien sûr elle peut évoluer. ( pour ma part j'aime avoir des pairs et des totems intellectuels mais je ne cherche pas des pères, des transfuges de places, j'aime bien la relation d'admiration face à un prof, point ). Donc pour moi ce ne sont pas des amis avec lesquels je déconne dans des bars, racontant ma vie, mes doutes, mes amours etc. On peut tomber amoureuse d'un prof et basculer dans autre chose, mais je ne connais pas, je suis toujours restée dans mon rôle clair et simple d'étudiante.
Enregistrer un commentaire