On ne savait rien. Elle avait pris un avion, même deux.
Sur la plage de l'autre côté de la frontière, elle avait retrouvé un amoureux fidèle, une facilité. Mais elle avait traversé, poussé sa valise vers un deuxième avion, de l'autre côté de la frontière, un pays inconnu, qui faisait peur tout de même.
Qui était là à l'arrivée, dans l'aéroport encore en guerre ? Les guerres laissent longtemps leurs traces. Sur les murs des bâtiments délabrés près du grand fleuve, le noir fumée des bombes était tatoué jusqu'aux derniers étages. Jusqu'au ciel. Sur les rives les fumées des feux, sur les rives, toujours des feux où les gens vivent, mangent, vendent, achètent, dorment et passent des bouts de vies.
Je t'aimerais à tout jamais. Et même jamais plus.
Habillée d'une jupe blanche cintrée, jusqu'aux genoux, balancée d'une chemise à grandes fleurs dans les mauves et gris, elle est dans les locaux, lieux nouveaux, nouvelle famille, nouveaux amis. On l'accueille chaleureusement, puis elle va dans le bureau de l'inconnu qui lui sourit et est venu la chercher depuis l'entrée. Elle se rappelle très bien de la porte au bout du couloir, il l'a laissée entrer en premier. Ils ne savaient rien. Ils souriaient, ils riaient de bon coeur, naturellement
Ils ne savaient rien. Ni il ni elle. Ni eux ni nous. Personne ne savait. Seule la terre tournait et voyait qu'ils s'aimeraient.
Maintenant je peux le dire. Elle ne l'aime plus jamais. Plus rien. Elle n'est plus aveugle et embrasée. Trente ans après. Trente années.
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