Et ainsi c'est ainsi
Qui l'eut cru
Crute et cuite
Belle le jour Moche les nuits
Crus les matins
Creux les chagrins
Le trou tu dis, est fait pour qu'on se relève
Qu'on y croit encore
Qu'on s'en dore
Et vois-tu ce matin en ne cherchant rien, je me demande pourquoi j'ai ouvert ce placard
J'ai vu une pile de feuilles imprimées dont je n'avais aucun souvenir, aucun
Une centaine de pages d'un manuscrit, un document sur ordinateur,
un dossier, un, deux et trois, il y a quatre ans
Un roman, bien commencé, puis autre chose qui s'écrit s'interpose, puis des morceaux épars, puis tout ceci ne ressemblait plus à cela, au début, ni au milieu, tout perdu, et abandonné
L'ordinateur qui a tout cela en lui a rendu l'âme durant le confinement
Il faudra que je regarde si j'ai une sauvegarde
Il faudra que je voie si je sauvegarde les choses
Les cris intérieurs, les tentatives, les réussites, les erreurs
Nous avons la force toi et moi
Tu écris encore ?
Tu finalises, tu t'accroches ?
La vie te croche, te moche, te fait son bien, son coup fatal, ses pics en poche ?
Tu écris toi ?
Moi je n'écrivais plus.
Durant des mois
Sont-ce des mois sans moi, sans toi ni moi.
Sont ceux qui nous dévorent ?
Roulent nos routes.
Roule pour moi veux-tu, quand je ne vais plus
Quand j'impasse incapable et ne donne, ne me donne que des baffes
Hier dans mon lit la lumière est éteinte et j'écoute la radio
Ce type, c'est idiot, ce chanteur, cet artiste, ce musicien que j'ai appris à connaître et qui a fait des albums de maître.
Un petit concert à la radio, un retour, une petite salle peu remplie, des masques aux bouches
Du vrai, du direct, des cris de joies, des applaudissements, des émois avec moi aussi comme si j'y étais, tu vois
Et l'émotion soulève, les doutes s'enterrent, la voix les mots, mes larmes du coeur
Un manuscrit oublié, je le prends dans les mains, j'ouvre grands les yeux,
Bon sang, cela se lit bien !
Tiens...
Puis, légère, forte des jours d'épuisements, des plus riens
Je prends mon vélo, j'achète un petit cahier rouge, qui sera "le cahier des angoisses" pour toutes les oublier, toutes je les noterai, pour toutes les écraser
Légère je deménage en bas mon petit atelier, sur la table basse, là où le chaud ne m'empêche pas
et je prends des photos pour toi.
J'ai pris mes billets. Bientôt j'irai voir la mer.
.
2 commentaires:
Devant un texte d'une si belle intensité, j'absorbe ces mots, des pensées si intimes.
Se relire est parfois difficile mais jamais impossible. Y revenir le temps necessaire au temps
de l'âme.
Merci
Une lectrice !!
Et qui parle ici !
Un miracle !
Bises
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