23 nov. 2013

Divagations ce midi

D'un bouquet sur une petite planche posée verticalement, j'ai fait un animal aquatique à l'horizontal.
Les planches se remplissent et se transforment. Changent de bord, ce qui est dessous sert à ce qui est dessus. Le mélange des couleurs n'est pas toujours heureux. Tous les mélanges ne prennent pas jolie envergure.
 Hier au téléphone je parle à une amie de la vie à deux. Disons qu'au point de départ chacun a son appartement ou sa maison. Et qu'à un moment des vases communiquent, cela fera-t-il un beau bouquet ou un méchant feu d'artifice ? L'amie tente des fins de semaines hors de chez elle, mais "chez lui ce n'est pas chez toi" lui dis-je. Comment ne pas s'ennuyer chez un autre dont on n'a même pas la clé ? Comment ne pas s'ennuyer ensemble en ayant nos clés ? Comment vaquer librement ? Vaquer librement. " Ce que l'un aime, l'autre peut ne pas l'aimer ou pas de la même façon". Et que chacun fasse et aille et aime comme il veut, avec ou sans l'autre : famille, amis, sorties. J'ai l'air de décliner des évidences pourtant, je sais, cela m'a pris du temps moi aussi. Du temps et un autre, un qui comme moi le pensait mais sans le dire et attendait qu'une
 emmerdeuse comme moi mette ses choix en avant. De nos familles nous avons tout de suite discuté, fait quelques tentatives et retenu surtout, surtout qu'on ne se forcerait jamais et que l'amour n'en pâtirait jamais. Pourquoi faudrait-il aimer la famille de l'autre ? Pourquoi devrait-il avoir envie de voir ma mère, ma soeur, mon frère ? On s'est dit " Seulement si ça nous fait plaisir, si ça ne nous pèse pas". On s'y est tenus. On s'en foutait de ce que penseraient les uns ou les autres. Aimer est affirmer sa différence. N'est pas se couler dans un moule ou des traditions, pas si cela fait régresser la joie d'être ensemble.

Tu me diras que c'est la peur. Tu me diras que je ne connais pas la joie et la solidarité des repas de famille du dimanche. Tu as raison. Tu me diras l'égoïsme, mais ça je suis couverte de la tête aux pieds, même le jour de la mort de ma mère ma soeur a trouvé moyen de me blâmer, en toute mauvaise foi de m'affliger de son propre poids, de ses propres manques d'indépendances. On peut tout me mettre sur le dos. Je dis juste que l'amour c'est pas facile. Je dis la lâcheté du couple, du vivre ensemble et les efforts pour ne pas s'y noyer sec. Etre libre et créatif, être aimants et non propriétaires, être très con et drôle. Ne pas avoir peur de la mort et de la maladie en solitaire, manquer de courage pour partir, partir et laisser puis revenir. Je dis juste que c'est très difficile d'aimer et encore plus de cohabiter. Ce qu'il nous faut c'est des espaces où faire ensemble, rire et s'écouter, et des espaces où être seul ou du moins sans l'autre.

S'accompagner, en somme, au fil du temps. Ce qui n'est pas du tout ce à quoi l'on pensait lors du premier baiser.

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4 commentaires:

croukougnouche a dit…

oui
ne pas être propriétaire
être ensemble mais seuls aussi
savoir faire creux et pleins sans comptes à rendre
d'accord , tout à fait
et ai trouvé épaule aux yeux rieurs -tête de cochon autant que moi
et l'espace autour
c'est rare!! merci la vie!

Laure a dit…

" ai trouvé épaule......etc" formidable ça me fait penser à un style télégramme à inventer avec "trouvé " au lieu de "cherche"

"Trouvé mon Lucky Luke ( l'original, le vrai) bénévole pour me supporter, fous rires assurés"

Sacha a dit…

Tes mots , sont terriblement " vérité "
pas assez cicatrisée je préfère fuir et m'éparpiller ...
Sacha

La tortue légère a dit…

Merci de tes mots
Fuir c'est notre lot de toutes façons, d'avant en arrière, on y va