12 juil. 2012

Les larmes japonaises



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Hier j'ai reçu un gros paquet plein de journaux et papiers japonais. C'est sur Fesses des Boucs qu'elle m'avait dit " Si tu as besoin de papiers d'ici...". J'ai dit que le contenu de la boite aux lettres, des journaux imprimés, ce serait extraordinaire. J'ai reçu bien plus que cela.

 J'ai reçu le Japon dans ma boîte à moi, dans mes yeux à moi qui se sont mouillés parce que c'était trop beau. Trop présent tout à coup. C'est la force de l'alphabet des autres, la force du quotidien, des choses de tous les jours de là bas. 

Ce que j'aime dans l'étranger c'est le quotidien. Je ne suis pas une bouffeuse de musées, de sites, de rues commerçantes. Je suis une mangeuse de petites tables dans un coin dehors, de temps qui passe simplement, de cuisine avec les gens qui vivent là, d'épiceries où revenir plusieurs fois. Rester au même endroit des jours entiers sans bouger et en faire un chez moi, tout en ne comprenant rien à ce qui se passe (comme c'est divin !)  mais avoir l'autorisation et l'honneur d'être une parmi eux, discrètement, les oreilles pleines, pleines, pleines.

Le Japon, cet archipel incroyable, qui ne me passionnait pas tant il y a plusieurs années car je n'avais pas fouillé. Et puis c'est venu doucement. J'ai repensé aux occasions ratées, que j'avais eue d'y vivre un peu. J'ai abordé le pays par le net, j'ai regardé. Ensuite, plusieurs amies y sont allées, certaines pour séjourner en famille ou auprès d'amis. J'ai écouté leur retour, j'ai regardé, j'ai écouté leurs sentiments. J'ai lu. J'ai lu. Et j'ai commencé à savourer de loin. Et je peux rêver.

Je rêve que j'irais un jour. Je me le garde comme un trésor sous un mouchoir au fond de la poche. C'est bon d'avoir un ou deux rêves pas totalement dingues, comme ça. Improbables mais pas totalement cinglés. Des cailloux serrés dans les doigts. Ca réchauffe quand on s'ennuie, quand on se demande pourquoi on ne bouge plus, pourquoi on est devenu si inquiet de tout, si prudent parfois. On sait pourquoi mais on veut oublier un jour et tout plaquer au sol, étouffer et  brader aujourd'hui , le foutre en soldes et prendre la place d'un autre, ticket free, décoller de là, gravir une autre montagne maintenant qu'on connait la vue. A quoi sert d'être rassuré ? La vie va t'en coller une bonne, tu vas encore te retrouver au fond du panier.

Merci toi, je voulais te le redire. Je ne suis pas toujours fine quand je m'emballe, je dis n'importe quoi. Se baisser humblement et dire merci et rien d'autre. Rideau de silence sur émotions. Passer. Faire offrande du recueillement. J'apprendrai tout, je le peux.
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6 commentaires:

croukougnouche a dit…

le voyage à domicile grâce aux papiers envolés ..
très beau!
profite bien de toutes tes envies ..
je suis enfin de nouveau tranquille ( si on veut!) et je vais me plonger, au fil de rangements-tris titanesques dans "ma pièce" dans tout un tas de papiers, cartes etc.. voir un peu ce que je garde ou pas , et puis aussi aller visiter les poiriers : les fruits tombent dès qu'on a le dos tourné!
je t'embrasse!

Baiya a dit…

Ben alors......oui, je suis sûre que si un jour tu viens ici (seulement au coût d'un ou deux billets d'oiseau d'acier) tu verras; ici aussi on peut se poser, et se laisser bercer par les bruits et les odeurs. Bon, quelquefois ça tangue en prime....mais il suffit de se raconter de belles histoires, comme tu sais le faire! Bises.

La tortue légère a dit…

les fruits tombent dès qu'on a le dos tourné, j'adore cette phrase ! Bon rangement, ne tombe pas dans les pommes dans ton atelier !

La tortue légère a dit…

Ca tangue chez toi et c'est pas du tango. Des soubresauts titanesques, qu'ils ne soient pas trop méchants les tremblements, c'est ce qu'on vous souhaite.

colibri a dit…

C'est curieux de trouver sous tes mots mes propres sensations, bien souvent... "Souvent, je m'imagine..." Un petit poème écrit instantanément, il y a deux jours, en attente d'être publié sur Namelie ou le temps devant soi, un coup de blues pour ces voyages que moi non plus je ne fais plus, ces instants qui me manquent, juste à regarder et sentir les autres... Moi aussi, tout d'un coup, j'ai peur d'aller respirer ailleurs... Et pourtant, ici, j'étouffe... Bizzz.

L;-) a dit…

Pour ma part, la grande différence c'est d'être moins solide SEULE pour voyager, sortir de chez moi. Et même plus du tout sûre de moi pour ce qui est de pouvoir me retrouver qqpart avec ma petite valise. Ce qui faisait ma force et ma joie, être seule loin d'un vague "chez moi", n'est plus possible. C'est un revirement total. Je me décompose, me délite, qques heures après l'arrivée ! (par contre j'aime toujours autant le voyage en lui même, les trains les quais, les aéroports, etc).
J'ai fait une ultime expé en février qui a été catastrophique et m'a valu en prime de me couper d'amis chers. Personne ne me "reconnait" dans cette épave solitaire, déroutante : un boulet. On a dû épuiser trop d'énergie, Colibri, on a dû cramer nos bougies et le moteur avec. Faut juste retrouver d'autres manières de....