30 nov. 2020
Il roulait sur les jantes
27 nov. 2020
Oser. Se reconnaître.
Parfois, pas souvent j'aimerais, on ne prend pas de décisions. On est un petit champignon stocké dans sa gangue boueuse et on reste comme on est. Mal.
Souvent, des décisions j'ai prises, aujourd'hui, parfois, j'essaie de me souvenir si elles m'ont toujours aidées, portées vers du mieux, ou bien si, de toutes façons, c'est ainsi, et si j'agissais alors selon mes impulsions, sûre de faire ce qu'il fallait faire à ce moment là. Le choix, dans tous les domaines, est un sacré manège. Il tourne, on saute sur un siège ou on reste là.
Souvent, parfois, maintenant, j'ai l'impression que je regarde un manège tourner. Régulièrement, facilement, bêtement, intuitivement, je me dis que je rate le coche, que je suis un petit champignon dans sa gangue herbeuse.
Je ne suis pas faite pour vivre en compagnie. Je suis faite pour vivre seule. Cet état d'être est une évidence, pourtant je partage une maison. Est-ce bien ? Est-ce tort et travers ? Le champignon est embué par son passé, par sa boue boueuse. Je prends appui sur un être qui m'empêche, je crois, de sauter sur trop de sièges de trop de manèges. Un garde-fou, peut être. Comment choisit-on nos aimés, comment les garde-t-on ? Est-ce une balançoire de nous-mêmes sur laquelle nous jouons et prenons le risque. Le risque d'aller mieux, d'aller pire, d'aller moins bien, d'aller beaucoup mieux. Le Temps découpe ses tranches dans le vif de nos choix. Il est le Maître, je crois. En faire un allié demande beaucoup de qualités que je ne possède pas assez. Le passé dans mon dos se moque régulièrement de moi. Bref, je ne sais rien.
Ce matin grand moment de radio sur France Inter, à 9h, dans l'émission Boomerang, avec Anouk Grinberg. Impossible de raconter, ce fut un volcan d'émotions et d'intelligence. Le rapport à soi, aux autres, la différence, la folie en nous, créatrice et indispensable pour vivre. Des textes, du pur brut vibrant, failles essentielles, cris d'exister, réflexions sur l'être et l'être ensemble, enfance, enfances, femmes qu'on clouent dans l'os et qui meurent de ne pas exister en leur profond. Hier j'ai aussi vu une vidéo d'Agnès Jaoui, récente, poignante, qui parle de la vie, des femmes et d'elle, depuis toute petite, depuis le premier abus dans l'escalier à cinq ans.
Les femmes parlent et explosent leur cris, leurs vies, osent et déchirent les forêts. Ce matin Anouk Grinberg sur le fil entre détresse et force, sûreté et fragilité totale, pose, déchire le silence, fait taire les bruits, parle de ce dont il faut parler avant toute chose. Elle peint, aussi, je ne savais pas. Ce matin elle raconte une chose extraordinaire. Elle montre ses dessins à un artiste, pour avoir un regard, un avis. Auparavant elle nous a expliqué son parcours : elle dessinait, puis ayant trop peur qu'on la juge, qu'on la déclare folle, ayant trop peur de l'enfermement dont sa mère fut victime, elle maquille ses dessins, les modifient pour qu'ils ne choquent pas, en quelque sorte. L'artiste-expert regarde deux cent dessins et lui dit "Ce n'est rien, c'est du rien tout ça.". Sauf pour deux dessins, deux dessins purs, tels qu'elle les avait créés, sans aucune retouche ensuite. Ceux là, oui, valent la peine, sont quelque chose. "Il faut lâcher les chiens" lui dit-il.
Tout est dit.
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19 nov. 2020
Nuit de rêve
17 nov. 2020
13 nov. 2020
Jamais la même à chaque fois
Un jour une amie m'a donné des tas de cartes, prospectus, modèles possibles pour peindre, ou coller.
Dans le lot je remarque une peinture. Une femme couchée, elle tient un plat rempli de fruits.
J'aime bien avoir un modèle, parfois, surtout pour positionner un corps, ou créer un visage qui se tienne un peu.
Ainsi a commencé la série de la femme couchée, la femme à l'oiseau, car la coupe de fruits, non, je ne l'ai pas adoptée.
L'idée d'un fond spécial a vite émergé. Je prends un papier ou un carton, j'y colle quelque chose ou je peins des couleurs, puis je pose dessus du papier de soie, blanc. Ensuite, c'est selon. Je fais une esquisse du corps et du visage et ensuite je bidouille pas mal. Je prends des pastels trop épais, ou un pinceau épais aussi, pour faire quelque chose de précis, de fin. Je rature, refais, re bidouille, mais sans changer les matériaux. C'est souvent que je me vois entrain de patouiller sur un travail avec du matos non approprié qui m'alourdit la tâche, mais que je ne veux pas changer. Cela doit être une thérapie, une façon de conjurer quelquechose
Selon les fois, je prends de l'encre, de la peinture, du pastel, au feeling. Les choses se mêlent, parfois je termine au feutre.
Je m'amuse de constater, après-coup, combien ces femmes dégagent des impressions diverses. Car je pense à quelqu'un quand je les crée, je pense au moment où je lui offrirai. Chose rare, une seule sur les trois est partie au courrier. Les deux autres ont été données en personne.
Chose unique aussi, une de ces peintures a été un genre de commande, une amie ayant vu les deux premières m'a dit combien elle serait heureuse d'en avoir une. Chose faite aujourd'hui. Plaisir partagé et exprimé.
Chose curieuse et troublante, le mois dernier le cadeau-peinture était sur un lit, chez moi, avec d'autres présents pour une amie accueillie. Elle n'a rien dit. C'est le lendemain que j'ai surpris une conversation, une phrase adressée à quelqu'un d'autre chez moi, qui disait sa joie. J'étais très contente. Je n'ai donc rien dit moi aussi, puisqu'on ne m'avait rien dit à moi. C'est drôle, non ? Cela m'a émue d'autant plus.
Cette femme à l'oiseau est particulière. Elle est inaccessible et intemporelle, multiple. Insolite et rêveuse, elle se laisse à peine peindre, me glisse des mains, se capture un moment puis disparait.
Il y aura d'autres femmes à l'oiseau. Je suis curieuse, déjà, de rencontrer la prochaine.
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