26 mai 2012

La chaleur

La chaleur comme elle est étrange. Celle là est venue la nuit. la chambre devenue ouatée et tiède, la fenêtre, puis la deuxième qu'on ouvre à quatre heures le matin puis on est assourdi par le chant du merle qui est entré dans la pièce et nettoie tout de ce qui existait hier.

 La chaleur comme c'est étrange n'est jamais ici pudique et discrète. Elle tranche comme une tranche de pastèque suintante de ses gouttes que tu portes à tes lèvres. La chaleur est brute, elle endosse sur tes épaules tout le deuil de l'hiver d'un coup et voilà, je rentre dedans parce qu'il "fait trop chaud dehors". Je suis toujours surprise de cela mais il y a un moment, en début d'après-midi où c'est un plomb à tes chevilles, un corset aux poumons. Il faut rentrer dedans. Ou alors c'est eau qu'il faut. Il faut s'y perdre, flotter, éclabousser, mouiller, le corps a soif sans arrêts.

La chaleur comme c'est bizarre peut se dissoudre dans les nuages en une fin d'après-midi. Hier.

 Les nuages étaient des hommes, certains en manteau de laine blanche épaisse dans le creux de la gorge là. D'autres venus de l'Ouest, étaient tambours rugissants avec des glaçons, ils tintaient la fin d'un été d'un jour.

Ils gris, à l'horizontale étirés.
Ils beaux, avançaient en ligne droite vers la montagne en plein devant eux.
Au dessus de cette montagne, il bleu. Un bleu pervenche velouté. Il montait.
Il prenait forme comme un champignon, une tour évasée, une tulipe en calice, un éventail mousseux. Au milieu, à un moment, se rencontrent. Le mousseux bleu, les gris transversaux d'Ouest en Est, ligne de pré orage, les blancs enfantins en paquets depuis le sol.
 Ils ont formé un genre de nounours avec des yeux humains et le temps que je pense à l'appareil photo, bien sûr, le nounours n'avait plus rien d'humain.

Plus tard j'ai quand même pris le ciel dans les yeux et gardé.



L'air si chaud s'est rempli d'un courant d'air dont le glacé parcourt le corps lourd et chauffé cru. On sentait les morceaux de courant d'air, comme des pointes acérées et rapides, des messagères de l'orage. On a attendu l'orage mais il était occupé dans une autre vallée en concert en bariton, ton ton. Il grondait dans les replis des roches, il avait traversé la plaine, il grognait dans les basses, roulait, sans agressivité, j'ai trouvé.

Il a attendu le dîner pour nous faire l'honneur d'une visite qui s'est allongée tard. Noire. Les gouttes étaient lourdes et musicales, sur le toit, sur les gouttières, les chapeaux des cheminées, elles floquaient, une par une, avec un soin particulier. Il pleuvait l'orage, plus qu'il ne grondait. Il lançait des billes d'eau sur nous.

C'est toujours bon pour le jardin, ai-je pensé, surtout pour ces maudites fourmis qui me bouffent toutes les pousses de haricots verts ! Qu'elles aillent un peu se mettre à l'abri et laissent à manger pour tout le monde !
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Ma maison est bâtie sur une fourmilière géante, je ne vais donc pas lutter, je ne suis pas de taille. Mais....



2 commentaires:

Tifenn a dit…

La chaleur, un ami impromptu qui nous coupe les jambes et nous assoit à l'ombre

L;-) a dit…

c'est beau ça, t'es en forme quand tu te baignes !