20 déc. 2013

Noire sur blanc

Cette année elle est incapable de faire des cartes de voeux. 
Il y a des années où ça va tout seul, même si ça ne casse pas deux briques, c'est regardable, c'est rigolo, c'est envoyé.
Cette année rien.

Elle a commencé en avance avec une idée d'objet ficelle et papier.
Rien.

Elle a voulu recycler des cartes classiques qui s'ennuyaient. La plupart sont mortes sans belle mort. Poubelle.

Elle recommence ce matin et s'aperçoit que tout tourne en paté, en bourrique, en caca boudin. Elle arrive même à faire du marron moche qui s'étale sur de belles couleurs.
On se demande. Dans les chaumières, dans les bazars, dans les troquets noirs, dans les cabanes, dans les hôtels, sur les quatre continents, on se demande " Mais c'est pour quand ?"

Il n'y aura donc pas de cartes cette année ? On-ne-Rien-recevoir, des télégrammes sont lancés. Personne à l'étage ni au rez-de-chaussée ? Personne dans la baignoire, personne au bar, personne dans la piscine, bottée touchée. Basse et haute aucune marée. Aucun mariage cette année, n'y a-t-il rien eu, aucun présage.
Est-elle déçue ? En met-elle trop ? Bourre-t-elle son coeur au point de tout dévisager, décolorer, démasquer, renverser patate, poele, oeufs au panier ?

Cette année rien ne sort. Pas de voeux, pourtant aucune rancoeur. Elle n'en veut à personne, ni celle là ni la suivante. Elle n'a pas d'illusions. Elle a chaque jour.

Mais cette année aucun papier ne dit,  ce n'est jamais assez, c'est trop. Trop de couches superposées sur les cartes anciennes recyclées. Pas assez de beauté sur le Canson vierge tout pressé de dire son bonheur. Car bonheur il y a. Et puis dilemme, et puis nostalgies et lourdeurs d'attendre. Et puis n'attendre pas. Il y a les amies qui ne reviennent pas. Il y a ce qui est. Et ne sera. Il y a amour mais elle se demande même, si c'est toujours le même.

Sur les cartes alors rien. Rien  ne passe son péage, rien ne prend son train. Train. Tiens.
Elle enverra des mots. Noirs sur blanc, oui c'est bien ça. C'est exactement où elle s'emmène, où elle veut dire. Noire sur du lisse blanchi et vierge qui va partout et sait recycler la peine, l'inavouable solitude, les extrêmes. Elle a démarré une histoire, avec des personnages et beaucoup de voyages, c'est ce qui la tient. Il a fallu qu'elle en arrive là, encore, il faut toujours arriver si bas.

Elle ne veut pas de cartes, elle veut des rubans, comme ceux des machines à écrire d'autrefois.
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16 déc. 2013

Toute cette route



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La route est si belle on s'y pousse on s'y laisse
Peu importe l'arrivée on oublie les départs
On repart sur la route aussi belle
Peu importe l'arrivée les nouvelles
On rôde dans le ciel et rose le premier nuage
N'est un nuage pour personne est un message évanescent
Un jeune homme comme avant un enfant
Rose avant le soleil d'avant avant
La route est belle dans ses ombres dociles
On la prend tout est en mouvement 
Dans ma tête tous ses balancements



4 déc. 2013

Nos radios


Emprunté à la médiathèque le dernier Beaupain
Cette vidéo est d'avant
Finalement on s'y retrouve, on est dans la même veine

Sur le dernier " Avant le déluge" ne ratez pas l'avant dernière chanson " Je suis un souvenir" qui est poignante,un bijou.

J'aime la première aussi. D'un amour impossible " Aimer pour deux" et "Je coule" qu'on entend à la radio, enfin sur France Inter. Tu écoutes quoi ?

Radio France fête ses cinquante ans, j'ai grandi avec ses émissions. Je me rends compte qu'elles sont un lien avec ceux que j'aime, rare sont ceux qui écoutent autre chose. Parfois j'aimerais bien essayer mais franchement les pubs agressives ?! C'est pas possible

Au fil du temps les pubs ont un peu envahi France Inter aussi ainsi que les infos trash, crimes et délits quotidiens dont on se fout, enfin qui ne sont pas de l'info pour moi. Cela m'a donné envie, il y a une vingtaine d'années, d'écouter France Culture qui est tout de même un joyau.

Sur France Cu tu te sens respecté, pas pris pour une naze illettrée ni pour une mauviette du ciboulot. Les sujets traités sont innombrables, le nombre de trucs qu'on apprend aussi. Le nombre de sujets trop revêches aussi, mais là tu changes de chaîne, y'a le choix.

J'ai grandi avec France Inter, dans la maison la radio était partout, on écoutait certaines émissions dans un silence religieux. C'était rigolo. Petite tu comprends pas tout mais tu comprends l'idée, le sens, la chose.

Je fus très étonnée le jour où, chez ma soeur pourtant très lettrée, j'allumai la radio et tombai sur un genre de RTL ou RMC. Ils étaient bloqués là dessus, surtout pour les pubs dont ils raffolaient. Je n'ai pas compris comment ma soeur aux oreilles élévées à Radio France comme moi, en était arrivée si bas. Cela m'a fait un choc, comme si nos mondes se distendaient. Je saurais plus tard à quel point, finalement.

Vendredi, de belles émissions d'anniversaire sur mes radios favorites. Une grande absente pour moi ma Kriss, la Kriss quoi. Morte trop tôt, bien sûr. Quel chagrin ce fut !

La radio est le média que je préfère. J'ai rêvé y travailler. J'ai envoyé un C.V en 1982 pour entrer dans la maison ronde. J'aurais fait n'importe quoi, le ménage, les photocopies, mais de préférence les voix de F.I P avec ma Kriss. Raté.

La radio s'insinue partout quand on l'écoute, le pouvoir de la voix, de l'imagination, elle se moule dans le quotidien, tu peux continuer tes petites affaires et écouter, rêver, partir en voyage, faire de la philo, des sciences, chanter, admirer, rigoler. Au Laos en 1996 je n'avais pas de radio. J'avais un poste mais on ne captait rien, c'était la misère. Cela me manquait plus que tout. Vers 6h du mat tout brouillé et tout crépitant je captais du RFI ou de la BBC mais si peu et si court. Frustrant.
Dès que je suis rentrée, un an après, j'ai dévoré, léché, adoré, béni Radio France retrouvée. C'était comme une drogue, un besoin vital, un ami, un confident, un trésor. Enfin retrouvé, enfin chez moi !

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